Hati - Nicolas Genest

De Nicolas Genest, leader et trompettiste du groupe Hati, on peut dire que c’est un voyageur. Ce musicien facétieux et énergique poursuit depuis des années l’exploration d’un univers étonnant qu’il a mis en mouvement, celui d’une musique métisse, inspirée de la musique indienne et du jazz.

Hati est une même bande pratiquant cette musique depuis longtemps : la section étiquetée jazz (Philippe Foch, batterie et percussions ; Stéfanus Vivens, piano, claviers ; Hubert Dupont, contrebasse ; Nicolas Genest, bugle) dans laquelle se fond la phalange « indienne » (Stéphane Edouard, percussions indiennes ; Denis Teste, sitar ; Céline Wadier, chant indien). Encore une fois, pour le plus grand plaisir des oreilles, quelques invités inspirés font partie du voyage : Prabhu Edouard aux tablas, Magic Malik à la flûte, Vincent Ségal au violoncelle et les cordes des Petites Mains Symphoniques conduits par Eric du Faÿ.

Ces neuf morceaux d’assez longue durée – dont la pièce maîtresse « Sur les bords du Gange », composés par le leader, sont autant d’occasions d’apprécier la simplicité efficace des mélodies, le traitement sonore soigné, et surtout l’énergie positive de ce genre de fusion musicale. Certes, l’esthétique indienne n’est pas du goût de tout le monde, mais il ne s’agit pas ici de faire comme si, bien plutôt de proposer, avec les atours et les techniques de cette musique, une direction personnelle, celle de son compositeur.

Place est laissée à l’improvisation, de belles séquences d’ailleurs, et tout au long du disque on remarque les contrastes et oppositions d’ambiance enchaînés sans heurts, avec une évidence toute musicale et une finesse ciselée comme un cliquetis de tablas.

Hati, qui se déploie aussi avec force en concert, fait partie des rares formations à s’aventurer vraiment au-delà des mélanges afro-européens. C’est un risque, assumé. L’équipage est solide, la musique entêtante, on peut embarquer.