
Hélène Duret Brut Ensemble au 38Riv
Au 38Riv, la scène est ouverte aux créations et nouveaux projets.
© D.R.
Hélène Duret et son Brut Ensemble : cinq instruments à vent et une batterie qui résonnent brillamment dans les sous-sols du Marais.
- Hélène Duret © Franck Bigotte
Jeudi 5 juin, 21h30. Sis au 38 rue de Rivoli, le jazz club sous terre et sous voûtes nommé… le 38Riv. Mini-salle, mini-scène enfouie sous deux niveaux, derrière une entrée discrète.
C’est la deuxième session du Brut Ensemble, projet récent de la clarinettiste Hélène Duret. Le public – touristes désorientés, habitués attentifs – découvre un orchestre mouvant où chacun, à tour de rôle, peut jouer au percussionniste. Où on est debout, assis, selon qui joue. Devant nous se déroule une musique de relais.
L’idée centrale du projet – chaque thème est associé à une émotion – nous promet une musique expressionniste riche en sensations et… en émotions.
Nous voilà prévenus.
Premier morceau : « Obsession ». Ostinatos rampants forment une montée, avant que le saxophone éclate seul. Furieux. Puis un duo flûte-batterie, pointilliste, sec et tous rejouent ensemble, en un mouvement lent, cérémonieux. Tout s’installe, s’étire. Les émotions passent et changent : attente, tension, puis une joie brutale, comme un derviche qui titube. Une ritournelle orientale, courte, tourne et se brise.
Le morceau suivant, « Révolution », se construit sur un riff puissant mais comme cabossé, swinguant à la manière d’un manège déglingué. Ça tire, ça glisse, ça casse. Solo de batterie. Martèlement. La musique qui se déchire joyeusement.
Puis vient la « Tragédie ». Mais sans drame appuyé. Une lente étendue, large comme une mer au matin. Calme, étale, presque vide. Et pourtant, au loin, le ressac revient. Il monte, doucement. Il porte. Fin.
Duret mène sans forcer. Clarinettes hautes ou graves, précises. Olga Amelchenko, remplaçant Léa Ciechelski ce soir, passe dans un style quasi kirkien du sax à la flûte comme on change d’état. Delphine Joussein, elle, tire de sa flûte des sons rauques, clairs, perçants, travaillés par la magie de l’électronique. Quentin Biardeau et Jessica Simon installent les couches, épaississent, changent l’humeur d’un bref coup de pinceau sonore. Ariel Tessier maintient le cap, relance à l’occasion, bifurque ou stoppe quand le morceau semble l’exiger.
Tout ce beau monde a fait honneur à son projet, à son public, au lieu.
Jeudi 5 juin, aux alentours de 23 heures.
La soirée fut belle, merci mesdames et messieurs.