Chronique

Initiative H

Deus ex Machina

David Haudrechy (s, dir), F. Doumerc (s, fl), G. Pautric (s, clar b), N. Gardel (tp), N. Algans (tp), O. Sabatier (tb), L. Segui (tb basse), Fl. Hortal (g), A. Faye (kb, p), J. Duthu (b, cb), P. Pollet (dr), Fl. « Pepino » Tisseyre (perc)

Label / Distribution : Neuklang / Harmonia Mundi

Le titre de ce premier album pourrait sembler présomptueux s’il n’était, en grande partie, révélateur du projet que portait depuis 2012 le saxophoniste David Haudrechy : douze musiciens toulousains parmi les plus importants, une année d’écriture, un backline qui ne s’en laisse pas compter… Bref, c’est une véritable machine de guerre qui vient de voir le jour via un album et une série de concerts dont le premier a été mi-avril dans le prestigieux auditorium de Saint-Pierre-des-Cuisines à Toulouse. Ce répertoire consiste en une suite de douze morceaux (dont dix sur ce disque), concentrés en près d’une heure de musique non stop - une forme essentielle, car les compositions on été pensées et écrites dans un ordre bien spécifique.

Le morceau éponyme, au début de l’album, s’amorce sur quelques mesures feutrées, en forme de clin d’œil à la musique française des XIXe et XXe - en l’occurrence Poulenc, Debussy et Fauré - avant une explosion qui ne laissera plus l’auditeur en paix, sinon lors de quelques moments précieux, dont la ballade « M.I.T. » inspirée de « Blue in Green ». Mais à côté de cette écriture, des chorus - pensés pour chaque musicien pressenti - et de l’harmonie jazz, on a là un album fondamentalement rock. La basse de Julien Duthu et la batterie de Pierre Pollet, les cuivres éclatants ou la guitare de Florent Hortal n’y sont pas étrangers. Ainsi, « Infraction » rend musicalement compte du point d’impact entre le surfeur et la vague, et après « E.T. », interprétation très personnelle du film de Spielberg, « Murder Drome », le plus emblématique de cette tendance, fait référence aux courses de motos sans frein ni protection du début du XXe. En 6mn30s, ce small band explose littéralement via la guitare électrique rageuse et les cuivres et anches qui sonnent comme autant de dramatiques coups de boutoir.

On est tourneboulé, écrasé par la puissance du groupe et il faudra une très belle ballade, « The Way of the Sun », dédicacée à la fille de David Haudrechy, pour trouver un peu d’apaisement. On remarquera enfin, outre « Manhattan Out » (mise en musique de Depardon), ou « East Side », déambulation imaginaire à partir d’un récit oral du Lower East Side, que les références aux Etats-Unis sont récurrentes. Quoi de surprenant chez Haudrechy, qui cite volontiers Gil Evans ou Carla Bley ?

par Gilles Gaujarengues // Publié le 28 avril 2014
P.-S. :

En concert :

  • 16.05.14 - Toulouse, Le Mandala, feat. DJ Cisco
  • 17.05.14 - Toulouse, Le Mandala, feat. DJ Supa
  • 28.06.14 - Toulouse, Espace JOB
  • 30.07.14 - Toulouse d’été, Création « DARK WAVE » feat. Vincent Artaud / Médéric Collignon / Thomas de Pourquery