Isthme

Album de voyage, pourrait-on dire, en ajoutant qu’il s’agit de voyages sous des formes très diverses. Le titre indique d’ailleurs que le programme donne à voir des éléments inhabituels, une série de « mirages » en somme, et le morceau éponyme est, à l’instar de nombreux autres, une invitation à l’évasion. C’est souvent épuré, évanescent aussi malgré la basse électrique – sous les doigts de Julien Droz-Vincent – qu’on aurait pu associer assez spontanément à un jazz-rock qui envoie du lourd. Ici, si la fusion n’est pas bien loin, pas de chorus démonstratifs. D’ailleurs un éthéré « Prélude » de moins de deux minutes ouvre ce disque, lui donnant au passage un chapitrage semblable à celui d’un livre. Là encore, c’est doux, soyeux et le second morceau, « Démiurge », qui aurait pu s’avérer plus brutal – habituellement on ne crée pas le monde via le souffle d’une plume – est loin d’un Big Bang tonnant et tumultueux. Le monde en gestation est accouché avec une sagesse pacifique, celle du guitariste Vincent Arnaud qui a composé les onze pistes du disque.