Chronique

Jakob Bro

Taking Turns

Jakob Bro (g), Lee Konitz (as, ss), Bill Frisell (g), Jason Moran (p), Thomas Morgan (b), Andrew Cyrille (d).

Label / Distribution : ECM

ECM publie depuis quelque temps des enregistrements anciens et inédits, Taking Turns en est la parfaite illustration. Le guitariste danois Jakob Bro avait réuni un casting de luxe en mars 2014 avec l’intention d’explorer des harmonies novatrices. Il signa sept compositions qui furent mises en boîte dans le studio Avatar de New-York quatre mois après l’enregistrement de son premier album pour ECM, Gefion. Cet album aura donc attendu dix ans avant d’être mixé au Village Recording Studio de Copenhague en août 2024.

Thomas Morgan est le partenaire historique de Jakob Bro, présent sur cinq de ses albums ECM ; quant à Lee Konitz, s’il est le doyen de cet album, il n’en est pas le moins inspiré : son phrasé attendrissant se dépose délicatement dans « Black Is All Colors At Once ». La complémentarité harmonieuse qu’entretiennent Bill Frisell et Jakob Bro submerge les compositions avec un déploiement de sonorités éthérées.

Le déploiement de sons qui confinent à la rêverie surgissent dans « Haiti » ou « Peninsula ». Mais c’est avant tout la frappe pour le moins discrète d’Andrew Cyrille qui étonne. « Milford Sound », qui fait allusion à Milford Graves et à un fjord du même nom, fait exception sans pour autant qu’un dynamisme rythmique ne s’impose réellement. Quant aux interventions de Jason Moran , elles s’orientent toutes dans une esthétique minimaliste destinée en priorité à souligner les lignes mélodiques des solistes.

Entre atmosphères évanescentes et recherche de la beauté, Taking Turns n’évite cependant pas une certaine apathie provoquée par la linéarité des compositions.