Scènes

Jazz à Vienne 2013 : Jacky Terrasson, lumineux

Consacré exclusivement au jazz tricolore, le concert du 4 juillet est celui qui attire le moins de festivaliers : un peu plus de trois mille personnes, ce qui, ici est une petite jauge.


Consacré exclusivement au jazz tricolore, le concert du 4 juillet est celui qui attire le moins de festivaliers : un peu plus de trois mille personnes, ce qui, ici est une petite jauge. Faut-il y voir un signe ? Si la création présentée à Arles « L’œil de l’éléphant » se révèle plutôt décevante, en première partie, Jacky Terrasson peint avec « Gouache » de lumineux univers sonores.

Jacky Terrasson © Ch. Charpenel

On sait que d’ordinaire, les produits estampillés tricolores se vendent mieux que les autres. Ce n’est manifestement pas le cas dans le domaine du Jazz. La soirée « French Touch » a bien moins de succès que les deux précédentes. Mais qu’importe. Le public d’amateurs de bon jazz ne pouvait être déçu car le Théâtre antique accueillait ce soir là un des pianistes actuels les plus inventifs : Jacky Terrasson. Le Franco-Américain restitue pour partie sur scène son récent bijou, Gouache, en compagnie de partenaires de poids : Michel Portal, dont la clarinette n’a rien perdu de sa créativité pleine de fulgurances, mais aussi le trompettiste Stéphane Belmondo, toujours aussi incisif, constamment prêt à relever le débat musical. Tout en nuance, vélocité, fraîcheur, subtilité et invention, Terrasson, manifestement aux anges, déploie son jeu pétillant et lumineux. Il joue aussi les maîtres de cérémonie, afin de mettre en valeur ses partenaires. Côté voix : lunettes blanches et timbre tout en nuances, la chanteuse franco-américaine Cécile McLorin-Salvant, déjà présente sur le disque, à travers notamment une magnifique interprétation de la chanson de John Lennon « Oh My Love », à vous faire dresser les cheveux sur la tête : d’ores et déjà un classique. Pour le final, tous revisitent avec maestria le « Caravan » de Duke Ellington. Une caravane qui arrive joliment à bon port…

Line up - Jacky Terrasson (p), Cécile McLorin Salvant (voc), Michel Portal (cl), Stéphane Belmondo (tp, fh), Burniss Travis (b), Justin Faulkner (dms), Minino Garay (perc).

La soirée se termine tous projecteurs éteints, laissant cette fois les musiciens dans l’ombre. Tandis que défilent sur un écran installé sur scène, des photographies de Guy Le Querrec, quatre des meilleurs musiciens hexagonaux (Sclavis, Portal, Texier et Marguet) tentent de suivre le rythme infernal d’une projection, il faut bien le reconnaître, un peu fatiguante à la longue. Difficile de se concentrer en même temps sur la musique et les images.Il s’agit d’une création intitulée « L’œil de l’éléphant » réalisée il y a quelques années lors des rencontres photographiques d’Arles, mais qui a déjà pris quelques rides. Rideau !