Scènes

Jazz en Scènes 2008 : Auxerre

Fidèle à ses habitudes, le jazz club d’Auxerre fêtait le 13 décembre 2008 les dix ans de l’opération « Jazz en Scènes » comme 45 autres salles.


Fidèle à ses habitudes, le jazz club d’Auxerre fêtait le 13 décembre 2008 les dix ans de l’opération « Jazz en Scènes » comme 45 autres salles. Une première partie faisait place à un groupe régional, proposé par une autre structure membre de la Fédération des Scènes de Jazz et de musiques improvisées. La seconde accueillait un groupe « parrain » d’envergure nationale.

Le temps de s’installer à la Cité des Musiques [1], les concerts du Jazz Club se déroulent dans une ambiance intime au sein de l’Ecole Nationale de Musique. Comme chaque année, la soirée est présentée par Patrick Bacot [2].

Olivier Laisney © Patrick Audoux/Vues sur Scènes

En première partie, Dress Code, proposition chaleureuse du Moulin à Jazz de Vitrolles. Né d’une rencontre entre jeunes musiciens parisiens et sudistes, ce quintet sans leader apparent cherche à traduire ses impressions du second quintet de Miles Davis, de Herbie Hancock et du Fellowship de Brian Blade, sans pour autant reprendre leurs standards. L’instrumentation reste classique : saxophone Yacine Boularès, trompette Olivier Laisney, qui conquiert très rapidement le public par ses chorus soignés, et une section rythmique menée par Cédric Bec (batterie) et Simon Tailleu (contrebasse) qui pousse les deux vents dans des improvisations évoluées. Le pianiste (Benjamin Rando) sert de relais entre les deux parties et constitue un véritable pilier pour ce groupe récent, puisque créé en 2006 lors d’une résidence à Coutances. Les compositions personnelles de chacun affluent, inspirées, révélatrices de solidarité et de cohésion. Riche de lyrisme, cette musique fraîche et vive en perpétuel mouvement affiche son respect des valeurs rythmiques sûres via un swing très vif et nuancé. Le palmarès des membres du groupe [3] est impressionnant (Prix de la SACEM, Prix au Concours National de La Défense) ; il faudra compter avec ces cinq prodiges.

Pierrick Pédron © Patrick Audoux/Vues sur Scènes

Dans un registre plus be bop, en deuxième partie : le quartet de Pierrick Pédron. Couvert de récompenses (Prix Django Reinhardt, Prix Boris Vian de l’Académie du jazz, Révélation de l’année aux Victoires du jazz en 2007), ce saxophoniste [4] est vite devenu un grand nom de la scène française. La rythmique est de qualité : Franck Agulhon (batterie) et Vincent Artaud (contrebasse), habitués à jouer ensemble dans les différentes formations de Pierre De Bethmann (quintet et septet). Ces compagnons idéaux forment une assise solide au colosse qui propulse l’orchestre. Le phrasé de Pédron est nourri de traditions (on pense à Charlie Parker). Les notes déferlent avec aisance, avec une rapidité d’expression, un phrasé fluide et limpide qui donnent à la musique une fraîcheur remarquable. Le pianiste Laurent Coq y répond par la finesse incomparable de ses improvisations. L’ensemble donne des interactions passionnantes.

par Armel Bloch // Publié le 2 mars 2009

[1nouveau lieu de diffusion destiné à accueillir une programmation plus large sur les registres des musiques actuelles et du monde

[2directeur général de la Cité des Musiques, Président du Jazz-Club d’Auxerre et de la FSJ.

[3élèves de l’IACP, l’IMFP et du CNSM

[4Dont le dernier album, Deep in A Dream, enregistré à New York, a reçu un accueil élogieux.