Tribune

Jazzèbre développe son action auprès des détenus

Malgré les difficultés, le festival va de plus en plus loin dans ses échanges avec le centre pénitentiaire de Perpignan.


Jazzèbre n’est pas qu’un festival de jazz : toute l’année l’équipe mène aussi un travail auprès des publics qu’on appelle « empêchés » (milieu carcéral, hôpitaux, maisons de retraite).

Ségolène Alex, l’administratrice du festival, nous présente l’action menée en 2019 auprès du centre pénitentiaire de Perpignan :

« Depuis de nombreuses années nous travaillons avec le centre pénitentiaire de Perpignan en proposant deux à trois concerts par an. Mais nous souhaitions aller plus loin dans le travail en proposant un véritable projet et en rendant les personnes en détention actrices et artistes du projet.

Le Groupe Blanc à la Casa Musicale le 10 octobre 2019

Dès le départ nous souhaitions orienter le projet vers l’écriture et dans cette réflexion nous avons très rapidement pensé au Groupe Blanc que nous avions programmé sur le festival Jazzèbre 2016. À cette occasion ils ont réalisé une résidence et un atelier d’écriture au sein du lycée perpignanais Jean Lurçat. C’est de cette première rencontre qu’est née l’envie de collaborer avec eux au centre pénitentiaire de Perpignan. Même si l’écriture était l’essence du projet, nous ne voulions pas le « limiter » à l’écriture. Nous voulions donner l’opportunité aux personnes en détention de s’exprimer sur le papier mais aussi sur scène, tout en découvrant un univers musical à part.

C’était notre premier projet « d’envergure » en milieu carcéral. Il y a eu un vrai travail en amont : nous travaillons en collaboration depuis décembre 2018 avec le centre pénitentiaire de Perpignan et plus particulièrement Angeline Jacquin, la coordinatrice culturelle du SPIP66. Au fil des mois nous avons dû faire évoluer et adapter l’idée de départ. Par exemple des détenus devaient pouvoir obtenir une autorisation de sortie pour monter sur la scène de la Casa Musicale pendant le Festival. Malheureusement, pour différentes raisons extérieures cela n’a pas été possible ; nous l’avons su quelques semaines avant le concert et le groupe a dû s’adapter.

Ce n’en est pas moins, pour nous, une vraie réussite. Et le concert final au sein du centre pénitentiaire avec les personnes en détention, mais aussi celui à la Casa Musicale pendant le Festival, sont des moments humainement et artistiquement très forts. Nous sommes déjà en train de réfléchir à un nouveau projet pour 2020 qui se déroulera sur du plus long terme avec cette fois comme objectif final l’enregistrement d’un EP. »


Concert au centre pénitentiaire le 9 octobre 2019

Dans une vie antérieure j’ai subi une agression à main armée ; il m’a fallu me détacher de ces souvenirs pour participer à cette expérience, cela m’a permis d’une certaine manière de tourner la page.

Je n’ai pas rencontré des personnes privées de liberté mais des individus qui, par un travail de huit semaines, se sont donnés au plus fort d’eux-mêmes pour écrire chacun un texte mis ensuite en musique par le Groupe BLANC. Compte tenu de leur culture, le travail de « mise en mots » est étonnant ; un beau soleil dans un après-midi de détenus.