Chronique

Jazzrausch Bigband

Dancing Wittgenstein

Leonhard Kuhn (lead, electronics), divers musiciens

Label / Distribution : ACT

Alors que les teufs sauvages se déploient comme autant d’îlots de réjouissances prohibées pendant la pandémie, ce disque permet d’en savourer des échos directement dans son salon.
Non sans oublier de philosopher, comme nous y incite le titre de l’album, référence au philosophe allemand Ludwig Wittgenstein, chantre de la déconstruction, dont le regard critique acéré semble agir comme un mantra pour ce big-band de dix-neufs musiciens. Enfin, dix-huit musiciens et un DJ.
Pas un de ces poussifs passeurs de disques cependant, mais bien un de ces démiurges contemporains qui instillent savamment le chant des machines dans la chair des instruments. Leonhard Kuhn, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est le chef d’orchestre et mène son équipage non pas à la baguette mais avec force effets destinés à orienter l’ensemble vers un groove immatériel. D’aucuns pourraient trouver quelque aspect mécanique aux propositions dansantes développées.

C’est justement ce qui fait l’originalité de ce projet, renouant avec l’électro européenne de Kraftwerk par exemple, et qui donne à danser sur des tempos post-industriels composés par exemple à partir d’algorithmes. Les propositions rappellent parfois le funk des JB’s période frères Collyns : l’emprise binaire de la basse et de la batterie est imparable. La teuf se fait naturelle sous l’effet d’une voix féminine éthérée tirant l’ensemble vers l’ambient, et par la conduite d’un chant masculin aux inclinations volontiers punk. Pas question de mettre la tête dans les hauts-parleurs, mais plutôt dans les pavillons des vents qui savent se faire honkers, en laissant son corps osciller aux fréquences des infra-basses dispensées par le boss.
A conserver pour les soirées d’après…