Scènes

Jazzycolors : cultures et rencontres des jazz

La Suède qui rencontre la Tchécoslovaquie : diagonale inhabituelle.


Cultures d’Europe, rencontres des jazz : Jazzycolors se poursuit avec, jeudi 24 novembre, un duo piano-voix à l’Institut Suédois, rue Payenne à Paris.

L’ambiance est chaleureuse et joviale avant ce concert proposé conjointement par l’Institut slovaque et l’Institut suédois et qui présente le pianiste suédois Mattias Nilsson en duo avec le chanteur tchèque Marcel Palonder. La Suède qui rencontre la Tchécoslovaquie : diagonale inhabituelle… Étonnant, intriguant, j’ai foncé.

La salle est comble, on se serre jusque sur les marches du petit auditorium de l’Hôtel de Marle, au cœur du quartier du Marais. Les quelques mots de bienvenue - prononcés par les deux directrices des instituts slovaque et suédois, préfigurent un récital généreux et ouvert sur les couleurs musicales et rythmiques européennes qui donnent corps à leur façon à l’esprit du jazz .

Mattias Nilsson et Marcel Palonder © Cyrille Clément

En ouverture, Mattias Nilsson au piano se lance dans un rythme jazz, heureux, léger et envolé. Un moment musical composé de grands titres du jazz qui nous emmène un moment vers un lancinant Brésil. La musique n’a pas de frontière…

Un moment de grâce s’ensuit avec une émouvante mélodie suédoise interprétée avec toute la ferveur d’une voix tchèque, moment de bravoure pour Marcel Palonder, magnifiquement polyglotte. Sa voix chaude et grave se fait tendre et occupe la scène avec une grande générosité. Et lorsqu’il enchaîne ensuite sur une mélodie de son pays, vibrante et habitée, son jeu se déploie encore d’avantage et se sublime. On en redemande, de ces horizons d’Europe Centrale.

Il ne faut pas oublier Mattias Nilsson. Le pianiste à la blondeur nordique orchestre de ses doigts virtuoses - je dirais voltigeurs - les sons et les rythmes de ce récital. En alternant ouverture, duo et solo, la musique prend chez lui une dimension libre mais retenue, présente mais légère qui apporte à son jeu une élégance singulière au-delà des interprétations de standards de jazz, parfois un peu attendues et trop ancrées dans le blues. Une seule façon de prolonger ce moment de découverte du pianiste suédois : l’écoute en boucle de son dernier album Dreams of Belonging.

Jazzycolors permet à l’Europe des talents et des cultures de se rencontrer par toutes les langues et musiques possibles, pour le jazz et ses couleurs.