Chronique

Jean-René Mourot

Jean-René Mourot

Jean-René Mourot (p)

Label / Distribution : Autoproduction

Comme le rai de lumière s’échappant d’une porte laissée entrebâillée dans l’attente d’un visiteur, le chapelet de notes qui s’élève au début d’« Introduction » est une invitation à pénétrer dans l’accueillante demeure qu’est la musique de Jean-René Mourot. Celui-ci, qui n’est pas du genre à nous faire faire le tour du propriétaire pour nous en mettre plein la vue à coups de souvenirs de voyages et d’objets de valeur, nous invite à partager un moment avec lui, histoire de faire connaissance. Avec la pudeur de ceux qui s’intéressent plus à ce qu’ils ont à donner qu’à ce qu’ils pourraient recevoir, il nous tend quatre minutes de poésie en guise de cadeau de bienvenue.

Comme nous acceptons ce présent sans bouder notre plaisir, il nous emporte dans le cheminement narratif de « Trio », une belle histoire dont le dénouement mélodique est longuement amené par un jeu de percussions sur l’instrument, par petites touches mélodiques jouées à même les cordes. Passionné, pris dans les filets de son propre enthousiasme, il s’abandonne tel un conteur captivé par son récit et laisse ses notes tournoyer le temps d’un morceau, « Échauffourées », construit sur un ostinato puissant et générateur d’un mouvement dont le pianiste s’empare avec avidité. Mais il n’est pas de ceux qui comblent l’espace par crainte de se voir confrontés au silence et au regard de l’autre. Alors, du bout des doigts, il effleure son clavier, fait naître un « Interlude » tout en retenue et nous amène sans heurt à l’évocation d’« Yvonne » - une belle personne, à en juger par les phrases aériennes et poétiques qu’elle lui inspire.

Avant de prendre congé, nous acceptons avec plaisir une dernière « Ballade » ; la conversation se poursuit, au rythme naturel des idées et des pas. A son terme, nous retournons à notre petite vie, enrichie de vingt-sept minutes d’une musique sincère, et d’une belle rencontre.