Johansson - Rylander Löve

La pianiste Karin Johansson et la saxophoniste Lisen Rylander Löve se sont retrouvées une journée à Göteborg en mars 2017, il y a 4 ans déjà. Une journée dense durant laquelle elles ont enregistré, dans les conditions du direct, ce disque Arter [1].
On pourrait s’attendre à un classique duo acoustique ténor-piano et il y en a aussi (« Blåkråka » par exemple - un oiseau appelé en français le Rollier d’Europe). Mais les musiciennes ont parsemé le chemin de chausse-trapes. Le piano parfois préparé de Johansson donne à chaque morceau une couleur différente. Les kalimbas jouées ensemble ou séparément par les deux artistes tempèrent certaines ambiances froides et électroniques et transportent dans un univers métallique et ensoleillé. Mais ce sont surtout les effets électroniques joués en direct par Rylander Löve qui viennent enrober certains morceaux comme « Blodrostmossa » (une espèce de mousse rouge), une longue cavalcade répétitive au piano soutenue par quelques drones inquiétants.

Pour « Större vindeltrappa » (une espèce de coquillage en colimaçon), c’est le bruissement continu qui vient interférer avec les cliquetis du piano préparé.
Chaque morceau semble appartenir à une espèce musicale différente, mais tous sont de l’ordre du vivant, du mouvant, du palpitant. C’est un album tout en délicatesse, dont les sons liquides semblent néanmoins flotter. Il faut dire que le mélange extrêmement bien dosé entre l’acoustique et l’électronique, la prise en direct, l’énergie de l’interaction et une production soignée, font de cet enregistrement une apogée musicale. La scène suédoise réserve vraiment quelques bonnes surprises. Ce duo présente un premier disque étonnant et mémorable, dont le propos écologique n’est pas anodin : toutes les espèces citées dans chacun des morceaux (plantes, animaux) sont classées en voie de disparition.

Cet enregistrement existe aussi en vinyle, dans une très belle édition colorée rouge disponible sur la page bandcamp du duo.