Chronique

Kathrine Windfeld & Bohuslän Big Band

Determination

Label / Distribution : Prophone Records

Il bruisse ici et là qu’une compositrice, arrangeuse et cheffe d’orchestre ferait de superbes choses, et il ne serait pas étonnant que son nom devienne assez rapidement un incontournable de cet exercice qui s’inscrit dans une tradition extrêmement riche. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’écoute de ses disques, les amateurs trouveront une forte ressemblance avec le travail réalisé par l’immense et prodigieuse Maria Schneider. Il est très certainement caricatural d’associer ces deux cheffes et on aurait vite fait de créer un fil entre les deux parce qu’elles sont l’une et l’autre femmes en plus de diriger des bands, d’arranger et de composer. Reste que se priver d’évoquer cette filiation pour ne pas risquer de tomber dans un travers de genre serait une grossière erreur.

Car, oui et trois fois oui, il existe un lien direct entre ces deux musiciennes. On invitera pour le coup l’auditeur à comparer Determination de Kathrine Windfeld et, par exemple, Concert in the Garden de Schneider. On y trouverait très aisément de grandes similitudes. Les orchestrations d’abord, même si chez Schneider il y a, fort présents, une voix et un accordéon. Même écriture savante, même architecture qui mêle une succession de motifs et une base de jazz traditionnel où les solistes se succèdent, même gestion du volume entre des moments au caractère quelque peu évanescent et d’autres où l’orchestre roule, enroule et emporte. On avait eu l’occasion de se régaler avec Latency et Orca, ses deux derniers albums et, avant encore, avec Aircraft qui ouvrait le chemin d’une discographie qu’on présume hyper riche : et pour cause, quatre albums d’orchestre en six ans ! On se régale une nouvelle fois avec celui-ci, dont le titre vient peut-être en écho à cette boulimie d’écriture. Cette même régalade tient peut-être à une orchestration qui ne change pas d’un pouce entre les différents projets. On retrouvait déjà, avec Orca et quasiment avec Latency, une formation entre une section de saxophones, une autre de trompettes et une dernière de trombones tandis que la rythmique était constituée d’un piano – le sien, soit dit en passant, et contrairement à Schneider qui délègue – d’une basse et d’une batterie. Pour sûr, une recette constitutive de la démarche de Windfeld.

En tout cas, en sept morceaux, Windfeld et le Bohuslän Big Band, proposent un album extrêmement léché derrière lequel pointe la patte de Maria Schneider. Or, quand on se met dans les pas de quelqu’un, autant choisir un talent immense. C’est précisément ce qui se passe ici.

par Gilles Gaujarengues // Publié le 19 décembre 2021
P.-S. :

Joakim Rolandsson (as, f), Martin Bjurek Svanström (as, f, cl), Karl-Martin Almqvist (ts, cl, f), Mikael Karisson (ts, f), Alberto Pinton (bs, clb), Lennart Grahn (tp, bugle), Samuel Olsson (tp, bugle), Robin Rydqvist (tp, bugle), Jan Elaisson (tp, bugle), Niclas Rydh (tb), Christer Olofsson (tb), Hanne Småvik (tb), Ingrid Utne (btb), Kathrine Windfeld (p), Peter Jansson (b), Göran Kroon (d)