Chronique

L’Homme avion

Vincent Courtois - Zé Jam Afane

Vincent Courtois (cello, comp) ; Zé Jam Afane (voix) ; Francis Le Bras (fender rhodes) ; Olivier Sens (cb) ; Guillaume Daumartin (dr) ; Adrien Amey (sa, fl) ; Maxime Delpierre (gt) ; Régis Huby (v).

Label / Distribution : Chief Inspector

Enfin la suite des aventures de Rose Manivelle !

Sauf que Rose n’est plus là. A sa place, un homme avion, un voyageur venu d’ailleurs et qui pose sans complaisance les yeux sur notre monde. Cet homme avion est moderne, électrique, ce qui explique l’instrumentation choisie sur ce disque. Les compères de Vincent Courtois (violoncelle et compositions) et du chanteur Zé Jam Afane qui ont rempilé sur ce deuxième opus sont Francis Le Bras (fender rhodes, et par ailleurs activiste notoire du jazz en Champagne), Olivier Sens (contrebasse) et Guillaume Daumartin (batterie). Ils ont sollicité pour aiguiser le propos Adrien Amey (sax alto et flûte), Maxime Delpierre (guitare) et Régis Huby (violon).

Musicalement, on oscille entre l’univers signé Courtois, le pop-rock saturé, quelques ambiances gainsbouriennes période Melody Nelson et même des tourneries sautillantes à la Manu Chao. Cet album a toute sa place dans l’univers du jazz, il est le fruit d’un lent travail d’écriture mais comprte aussi de belles tranches d’improvisation. La voix de Zé Jam est polymorphe et surprenante. On pense écouter une version politique pour grands enfants éclairés de Kirikou, on croit reconnaître Mc Solaar, mais c’est du Zé Jam. Un instrumentiste aux cordes vocales colorées. Une diction veloutée, un rythme impeccable, sachant traîner avec classe sur les syllabes, il est le tronc musical de cette partition. Soutenu avec une complicité qui frôle le jumelage par le violoncelle de Vincent Courtois, il mène sans faillir son chemin jusqu’au dernier morceau.

Bien sûr, les textes priment. Bien sûr, pas d’innocence dans les propos. Il s’agit bien d’un discours construit et parfaitement intelligible sur la place de l’Afrique dans notre société, et des relations qui la gouvernent. Il s’agit de ce regard d’homme avion, faussement naïf, sur notre monde. On ne peut que sentir l’odeur de la route, celle qu’ont parcourue ces musiciens avec leur projet précédent, Les contes de Rose Manivelle, celle qui les a menés jusqu’ici. On ne peut que souhaiter qu’ils repartent encore. Ils n’en reviendront que plus riches.