La Corde à Vent

Dans la famille « Luthiers récupérateurs », je voudrais les Rhône-Alpins.

Gérald Chagnard et Sylvain Nallet, fondateurs du collectif l’Arbre Canapas (L’Eléfanfare, L’Effet de Foehn…) forment le duo La Corde à Vent. Ensemble, ils conçoivent et réalisent des instruments volontiers burlesques à base d’objets divers : entonnoirs, tubes de PVC, tuyaux de cuivre, bouteilles d’eau, roues de vélo… Une parenté certaine avec les Franciliens de Lutherie Urbaine, donc, avec un goût peut-être moins prononcé pour les aventures africaines mais une même inventivité dans les instruments produits.

Si certains paraissent quelque peu anecdotiques, comme le gamelan à bases de clés plates, d’autres sont plus alléchants, comme la cuica en boîtes de conserve qui meuglent ou l’arbre à bouteilles, lointain cousin du balafon, où les bouteilles en plastique sont accordées en fonction de la quantité d’air qu’elles contiennent - comme quoi un idiophone n’est pas nécessairement un instrument stupide -, ou l’expirateur à flûtes, extension du principe de la cornemuse qui permet aux deux musiciens de jouer cinq flûtes à la fois - à condition de pédaler ferme sur les gonfleurs à pied.

Derrière les Bruissons s’adresse en premier lieu à un jeune public : Chagnard comme Nallet sont des pédagogues dans l’âme, préoccupés de sensibilisation et de transmission. Mais si vous avez plus de douze ans, vous pouvez écouter aussi. Teintées de musiques traditionnelles diverses comme de jazz contemporain, avec un penchant manifeste pour l’absurde et l’auto-dérision, leurs compositions sont pleines de fraîcheur et d’une poésie parfois narquoise. Dans le même esprit, les illustrations de Vincent Desplanche sur le livret et la pochette concilient démarche pédagogique et légèreté. Derrière les Bruissons, c’est un peu comme les trains électriques ou les bandes dessinées : c’est fait pour les enfants, mais ce sont leurs parents qui remettront l’album sur la platine.