Tribune

La SNCF n’aime pas les grosses

La SNCF interdit toujours les contrebasses et les harpes à bord de ses trains. Une pétition en ligne vient d’être lancée.


Pour forcer l’entreprise française à autoriser ces volumineux instruments à voyager au même titre que d’autres objets tout aussi encombrants (ski, planches de surf, vélo…), une pétition est en ligne.

Pour Citizen Jazz, trois contrebassistes témoignent de leurs difficultés concernant cette mesure qui les pénalisent. D’une part, le train reste l’alternative la plus simple, directe et la moins polluante pour se rendre aux concerts ; faire payer un surcoût est une mesure inique. D’autre part, la contrebasse ou la harpe est un instrument de travail, pas de loisir.
Joëlle Léandre, Joachim Florent et Théo Girard nous ont fait parvenir un texte pour illustrer les conditions de voyage proposées par la SNCF lorsqu’on est contrebassiste.

Joëlle Léandre

« On arrive en gare comme de pauvres misérables… Sur les quais, une sorte de panique se fait sentir : je passe ou je ne passe pas ?
Pourquoi payerait-on une amende ?
Nous pouvons facilement trouver une place, parfois accrocher la contrebasse, vers les bagages. Ça suffit ! Qu’on nous laisse tranquille avec notre outil de travail !
Basta, basta !
Les petits, les mignons, les légers passent de partout. Les différents, les gros, les lourds dérangent… on appelle ça comment ?
Devinez ! »

Joachim Florent

« En ce qui me concerne, je voyage avec ma contrebasse en train depuis une vingtaine d’années ; j’ai eu une fois une amende salée (150 € en 2007), quelques discussions peu amènes avec des contrôleurs SNCF mais dans l’immense majorité des cas ça s’est toujours bien passé.
Il me semble que nous bénéficiions jusqu’à très récemment d’une forme de tolérance de la part de la SNCF : bien sûr les dimensions de la contrebasse dépassent les limites autorisées par la SNCF, mais si la présence de l’instrument à bord du train ne présente pas une gêne ou un danger pour le déplacement des passagers, alors ça passe. De fait j’ai appris à connaître les différentes rames pour savoir où je pouvais poser mon instrument sans occasionner de gêne.
Ce jusqu’au 25 décembre dernier où les contrôleurs m’ont expliqué que je ne pourrais plus monter à bord avec ma contrebasse à compter du 1er janvier 2021, à la suite de quoi j’ai eu connaissance de la mésaventure de Laura Perrudin avec sa harpe. J’ai depuis pris le train une seule fois avec la contrebasse, sans souci mais c’est un vrai stress pour la suite… »

Théo Girard

« C’est devenu de plus en plus compliqué ces derniers temps de voyager avec sa contrebasse.
Il y a des astuces, sur les « TGV », les « Intercités » ou les « TER » il existe des bons spots mais ils sont souvent pris les jours de grands départs notamment. Des centaines de trajets sans problèmes en attestent, nous savons, nous contrebassistes, nous faire tout petits quand il le faut.
Je ne compte pas le nombre de voyages loin de mon siège pour surveiller que mon instrument ne gêne pas le passage ou pour éviter qu’il se prenne un petit coup sur la tête. J’ai même passé les quatre heures d’un trajet sur un tabouret du wagon restaurant, seul endroit où le contrôleur m’autorisait à mettre ma contrebasse alors qu’un siège en 1ère me tendait les bras.
Alors entendre dire que les conditions se durcissent en ce moment avec des contraventions régulières ou des refus de monter à bord…
Le train est un transport agréable, propre et quoi qu’on en dise encore fiable en France mais j’avoue que je préfère parfois laisser ma contrebasse à la maison et m’adapter à un instrument de location plutôt que de subir le stress et la fatigue qu’impliquent un voyage avec elle. »