La violoniste Laura Schuler, déjà remarquée avec son frère Luzius au sein du trio Esche, fait partie de ces jeunes phénomènes que la Confédération Helvétique se plaît à exporter. À moins de 30 ans, elle propose avec son solo Elements and Songs un précipité de la musique qu’elle défend et qui se révèle déjà très personnelle. On y entend des bribes de chansons de geste qui raconteraient des épopées strictement intimes (« Kün »). Plus loin, ce sont de sombres initiations à l’état de nature dans des improvisations minutieusement préparées avec moult objets et techniques étendues qui prennent le relais. La plupart de ces morceaux sont agrémentés de boucles et de samples qui ajoutent une facette entêtante à l’album (« Xun »). Pour bâtir son solo, Schuler a utilisé le Yi-Jing, le traité fondamental des mutations chinois. L’étrangeté s’y invite donc, mais aussi un certain manque de souplesse qui s’effacera avec le temps.