Chronique

Laurent de Wilde, Otisto 23

Fly Superfly

Laurent de Wilde (p), Otisto 23 (ordinateur) - Invités : Guillaume Perret (ts), Nico Giemza Tiko (beatbox), Bijan Chemirani (perc)

Label / Distribution : Gazebo

Quatre ans après Fly (2011), voici Fly Superfly, deuxième envol du couple électronisé, Laurent de Wilde et Otisto 23, auxquels viennent s’adjoindre quelques invités de chair et d’os, histoire d’humaniser cette dialectique tendue entre musique et machine. Pour « L2W », il s’agit : « […] d’assumer cette logique et d’en faire de la musique avec pour seule source sonore le piano. Frottant le plus sur le moins, le chaud sur le froid, la machine contre l’instrument, nous tentons à quatre mains d’en apprivoiser l’énergie dégagée pour mieux s’envoler. »

Tel serait le superfly, selon une mathématique assez loin de Pythagore et de son enclume. Les temps ont changé, la musique moins : résonances, harmonies, rythmes en constituent toujours la substance cosmique, captée ici-bas (par ses habitants et ses mouches) sur notre mini-planète un peu prétentieuse. Bref, l’ouvrage tend à l’inflation électro, la machine prenant le pas sur le musicien qui cède à son époque : celle du spectacle forcené. D’ailleurs, ne s’agit-il pas avant tout d’un spectacle ? Comme pour le précédent, projections vidéo, infrasons lancinants, show lumineux s’imposent devant le pauvre CD audio.

Restent évidemment l’invention, la recherche de l’inouï, la créativité qui fondent le défi du pianiste monkien gagné par les électrons. La réussite est là, relative, comme un pari sur l’avenir d’un jazz transcendé, subverti. Anéanti ?