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Edition du 15 avril 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Le Lavoir Moderne Parisien en danger

Communiqué :

Le directeur du Lavoir Moderne Parisien en danger fait une grève de la faim.
Depuis lundi 5 septembre.
Cette décision est grave et porte à conséquences…
Réunion de soutien dimanche 18 sept à partir de 17h au LMP pour créer un collectif de soutien au lavoir moderne parisien.

Soutien Facebook

Programmation


Lettre ouverte d’Hervé Breuil (20 septembre) :

« Monsieur Le Ministre de la Culture,

Depuis la naissance de la démocratie, le théâtre est au cœur de la vie de la cité et au cœur de la politique. Dans cet espace incarné circule l’utopie, l’émotion, et l’identité commune.

Le Lavoir Moderne Parisien à porté, durant un quart de siècle, la démocratie culturelle dans un quartier de résistance sociale, avec une seule question éthique : comment agir au mieux ?

Par l’action artistique, l’expression des cultures, la convivialité de voisinage, s’élabore une esthétique de la cohésion sociale et une culture rayonnante propre à réunir les citoyens.

Le Lavoir Moderne Parisien à, spectacle par spectacle, saison par saison, lutté pour maintenir une scène où s’élabore l’esthétique sociale et les cultures essentielles à notre devenir de civilisation.

Mais, le désengagement de l’état, l’augmentation des loyers et des charges, et la municipalisation de la culture, portent un coup fatal à la culture populaire, à la recherche artistique, et à l’espace démocratique.

L’État nous à subventionné pendant 10 ans, permettant ainsi 3016 évènements et 154 créations théâtrales. Mais cette subvention de fonctionnement vitale est gelée depuis 2010.

Par ce fait, les difficultés financières et administratives menacent l’existence de ce symbole culturel, et de ce patrimoine Parisien du quartier de la Goutte D’Or.

Vu l’ampleur de la situation, et me sentant personnellement blessé en tant que fondateur et directeur du Lavoir Moderne Parisien, j’ai pris la décision, lundi 5 septembre, d’entamer une grève de la faim et de lier mon sort à cette entité culturelle, en danger.

C’est pourquoi, Monsieur le Ministre de la Culture, je vous demande solennellement d’intervenir afin de rétablir le pacte vertueux nécessaire à l’existence du Lavoir Moderne Parisien, au service des artistes et des citoyens.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre de la Culture, l’expression de mes salutations distinguées.

Hervé Breuil. Directeur, fondateur.


Communiqué du 15/09 :

« 10ème jour de grève de la faim : Réunion d’information dimanche 18 septembre à 17H au LMP POUR QUE VIVE LE LAVOIR MODERNE PARISIEN
Signature en ligne

Le Lavoir Moderne Parisien compte parmi ces rares espaces d’échanges incertains et précieux que dirigent depuis de nombreuses années, de leur propre initiative, des femmes et des hommes libres pour qui la pratique de l’art est liée aux utopies qui font avancer notre société. Une pratique de l’art résolument populaire et non-marchande.

Le 21 de ce mois, le Lavoir Moderne Parisien sera mis en liquidation judiciaire pour défaut de paiement de loyer. Pour défendre ce lieu qu’il a fondé il y a plus de vingt-cinq ans, Hervé Breuil a entamé une grève de la faim depuis le 6 septembre 2011.

Un désir, un manque, un rêve, une volonté, une transgression, sont souvent à l’origine de tels projets qui n’entrent pas dans les cases administratives existantes. La plupart du temps, c’est une personne, un groupe ou un collectif, qui porte contre vents et marées cette folle possibilité de rassembler d’autres humains autour d’une scène et de permettre de vraies rencontres. Le Théâtre du Soleil et la Cartoucherie de Vincennes en sont les modèles reconnus, accomplis, prestigieux et emblématiques. Ils n’en restent pas moins précaires. Jacques Copeau et d’autres pionniers de la décentralisation font largement figure de précurseurs.

Le réseau informel constitué en France par ces lieux, ces équipes et ces compagnies qui luttent pour que l’art soit vecteur de l’échange, dessine aujourd’hui, tel un croquis de Fernand Deligny la carte d’une « seconde décentralisation ».

Les politiques n’en sont pas les initiateurs, aucune politique globale n’en est à l’origine. Elle est le cœur battant de la création, de la diffusion et du lien socioculturel en France. Du squat à la Scoop, chaque lieu indépendant trouve son propre modèle de développement pour tenter de réguler les effets de la loi de l’offre et de la demande hors du système marchand et en dehors de tout « label ». L’équilibre financier est un enjeu de survie.

Autant que possible, des « recettes propres » viennent compléter les différents soutiens publics. C’est dire si ces lieux interrogent « le politique » au cœur même de leurs activités.

Tant bien que mal et de plus en plus difficilement, des comités d’experts, des conseillers, des inspecteurs, dégagent des critères d’attribution de subventions publiques. Lobbying, copinage, clientélisme, réseaux d’influence, gangrènent là aussi la prise de décision. Il faut donc être très déterminé, habile, et bon connaisseur de la chose publique, pour tenir un projet de quartier à dimension culturelle mondiale, qui n’entre dans aucune case administrative. C’est précisément le cas d’Hervé Breuil.

Nous sommes dans un cas de figure que connaissent des centaines d’entre nous. Recul de l’aide publique, baisse des recettes, augmentation des charges. Dans un secteur par définition non-rentable, c’est, à terme, fatal. Si le secteur dit de La Décentralisation tient encore plus ou moins debout aujourd’hui, c’est dû en grande partie au fait que ses Scènes Nationales, Centres Dramatiques et autres Théâtre Nationaux, ont établi un rapport de force fondé historiquement sur une légitimité de service public, et cela depuis le programme du Conseil National de la Résistance, dont on sait que les acquis sont aujourd’hui tous menacés.

La « seconde décentralisation » est souvent « libertaire », indépendante, individualiste, utopique. C’est une aventure passionnée, une tentative de bricolage avec l’époque. Chaque expérience s’autorise d’elle-même dans un mouvement de légitimation de l’acte au moment où il a lieu, qu’il soit strictement légal ou non. C’est sa grandeur et sa faiblesse, car le pacte est évidemment sans cesse à renouveler.

Nous refusons de voir disparaître ces lieux précieux et fragiles d’invention et de découverte dont Le LMP est un exemple emblématique. Un lieu de vie et de solidarité inscrit dans un quartier, la Goutte d’Or, depuis longtemps très convoité par les promoteurs, un quartier qu’on voudrait « gentryfier » à la faveur d’une opération immobilière… Nous refusons cette standardisation des modes de vie qui à terme effacera toute solidarité et toute vie sociale dans les quartiers encore vivants de nos villes.

Une oasis essentielle d’indépendance plusieurs fois menacée

La trésorerie du LMP ne lui permet plus de payer ses loyers. Depuis plusieurs années les puissances publiques susceptibles de soutenir des initiatives culturelles et artistiques se désengagent progressivement du subventionnement des lieux indépendants, au profit de ceux dont elle peut contrôler économiquement les orientations.

Nous sommes à quelques jours d’une échéance.

En faisant la grève de la faim un homme met sa vie en danger pour obliger les différents pouvoirs publics à revenir sur une décision (ou une absence de décision) politique.

Nous soutenons cet homme, mais nous défendons d’abord un symbole de liberté pour la création artistique partout en France et même ailleurs. Et nous refusons que cet homme assume seul les conséquences d’une dérive autoritaire de la prise de décision démocratique.

Nous proposons aux compagnies, aux groupes, aux équipes de théâtres, de danse, de musique, aux écrivains, aux peintres, aux sculpteurs, à tous les artistes qui se sentent solidaires de ce combat – d’occuper en permanence et en alternance le Lavoir Moderne Parisien et d’en faire le lieu d’États généraux de l’art, le cœur d’un débat permanent, de rencontres quotidiennes sur l’art et la culture. Et de le faire savoir partout autour d’eux.

Organisons la résistance pour que le LMP ne soit pas expulsé si la décision de mise en liquidation est prise le 21 septembre. Faisons en sorte que des artistes y soient activement présents chaque jour jusques et y compris au moment où cette scandaleuse liquidation se produirait, si c’est le cas. Mettons immédiatement en réseau actif autour du LMP tous ceux qui sont en lutte pour que leurs structures ne soient pas en situation de liquidation. »

Comité « Pour que vive le LMP, pour que vive l’art. »

http://www.microcassandre.org/


COMPTE RENDU DU 7 SEPTEMBRE 2011

Hervé Breuil en jeûne de protestation a tenue une conférence de presse a l’Olympic Café mardi 6 septembre 2011 à 19H devant une cinquantaine de sympathisants et de journalistes.

Cette décision est grave et porte à conséquences.
Elle est motivée par les difficultés du lavoir moderne parisien a faire face aux pressions administratives et financières, avec un risque majeur de liquidation à brève échéance.
Du fait de retards de loyer importants, l’association risque de perdre son bail de location au 21 septembre prochain.
A cela, la Mairie de Paris est restée sourde pendant de longs mois, menaçant de stopper dès 2011 la subvention de fonctionnement annuelle.

Danielle Fournier, conseillère de Paris et Présidente de la commission culture du groupe Vert, présente à la conférence de presse aux cotés de Hervé Breuil, est intervenue pour rappeler que de nombreux lieux culturels Parisiens sont dans la même situation, citant La maison d’Europe et d’Orient et la Bellevilloise. Ces lieux subissent des contraintes liées à l’ouverture des nouveaux centres culturels municipaux, des baisses de subventions, et de la crise financière.

La lettre ouverte au Maire de Paris, envoyée le 5 septembre 2011, a eu pour effet un engagement de la direction culturelle de la Ville de Paris de voter au conseil de Paris du 26 septembre une subvention de 49500 euro. La Direction des Affaires Culturelles a envoyé un certificat administratif a l’association, signe par Monsieur Christophe Girard, adjoint au Maire en charge de la culture, en date du 6 septembre.

Hervé Breuil est décidé à poursuivre son jeune de protestation et demande une convention sur trois ans avec la Mairie de Paris afin de pérenniser l’action artistique au Lavoir Moderne Parisien.
Un complément de financement doit être trouvé dans les plus brefs délais et d’autres interventions sont prévues.

Les débats sur la politique culturelle de l’Etat et de la Municipalité restent ouverts sur les enjeux civilisationnels et l’action artistique dans la cité.

La mobilisation est totale et permanente. »

Anne
LAVOIR MODERNE PARISIEN
35 rue Léon 75018 Paris
anne@rueleon.net
bureau : 01 42 52 42 63

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