Chronique

Leïla Olivesi

TIY

Leïla Olivesi (p), Yoni Zelnik (b), Donald Kontomanou (dms), Manu Codjia (g, 7, 8, 10), Emile Parisien (ss, 8, 9, 10), Niko Coyez (fl, perc, 2, 9)

Label / Distribution : Attention Fragile !

Pour son troisième album, Leila Olivesi, ancienne pensionnaire des Petits Loups du Jazz, nous emmène en trio dans un voyage dans le temps et dans l’espace, histoire de visiter le vaste monde. Si l’on passe un moment délicieux à bord du « Paris-Genova », c’est sur les rives méditerranéennes de l’Afrique et plus particulièrement dans l’Egypte antique que nous emmène le voyage.

TIY fut reine d’Egypte, et c’est le destin des femmes dont la légende conte la beauté ombrageuse que la pianiste cherche à capter dans ses délicates compositions. On ne trouvera ici qu’une reprise, « Prelude To A Kiss », en fin d’album qui achève d’affirmer son goût omniprésent pour Ellington, particulièrement sensible sur « Winter Flower ».

A la tête d’un triangle très soudé, Leïla Olivesi peut compter sur une base rythmique qui lui permet toute les libertés. Le contrebassiste Yoni Zelnik arrime le trio dès les premières secondes de la « Danse pour Nefertiti » qui ouvre l’album, laissant le fidèle Donald Kontomanou, présent sur tous les albums de Leïla, colorer encore le jeu très mélodique de celle-ci par des évasions rythmiques fugaces et toujours inventives. C’est avec le thème d’« African Song », repris par Zelnik dans un solo très efficace, que le trio trouve l’équilibre idéal, bien servi par la belle dynamique main gauche de la pianiste. Avant cela on aura déjà perçu sur « Mood » l’esquisse de ce thème, où la rythmique soutenue, aux essences gnawa, de Niko Coyez, rend hommage à ses racines berbères.

On le retrouvera sur « African Spirit », où le trio s’agrémente d’invités qui donnent à la musique d’Olivesi une teinte plus orientale. Emile Parisien (également présent sur le très beau « Brooklyn »), joue au soprano sur ce timbre très pincé qui évoque tant les instruments traditionnels de la Méditerranée. Manu Codjia, avec qui Olivesi avait déjà enregistré L’étrange fleur, devient comme son double sur « Balkis », après un solo de batterie tonitruant qui semble accompagner des pas de reine, antique ou pas. Point fort de l’album, « Balkis » illustre bien le désir de liberté qui traverse TIY et l’éclaire de plaisante manière.