Leimgruber - Demierre - Lehn

La radicalité déployée dans cet album s’élabore par quatre séquences distinctes qui composent ce vent sans fin, et sans passage obligé dans un schéma équivalent à des formes d’expressions musicales répandues. Le chiffre quatre est depuis toujours associé au constructivisme et à la rigueur, ce signe scriptural prend tout son sens dans le titre de l’album, chaque mot qui compose le titre in the endless wind incorpore une notion musicale fondamentale qui vise à des spatialités.

Urs Leimgruber survole les vagues abruptes du premier mouvement « in » qui s’étire sur un peu plus de trente-quatre minutes, son chant d’oiseau suraigu met en garde, ce ne sont pas les paysages brumeux traversés par les notes acerbes du piano de Jacques Demierre qui freinent l’intensité déployée patiemment. Le chant du soprano se pare de couleurs lacyennes pendant que Thomas Lehn incorpore ses données synthétiques. Le claviériste, familier des modulations de fréquence et de la dilatation des sons dans l’espace, éveille les sens, ses collaborations avec ses semblables, Jean-Marc Foussat, Tim Hodgkinson ou Marcus Schmickler le conduisent à renouveler sans cesse son approche spectrale. Entre le temps suspendu et des étirements soniques, le piano avance par vagues successives. « the » ouvre grand les portes des tréfonds, les boucles sonores enserrent le thème, « endless » auréolé par ses accords graves précède les micro-tonalités patentes de « wind ».

Les accidents volontaires, souvent déterminants pour la construction musicale de cet album, côtoient des espaces infinitésimaux jalonnés par des échancrures, le processus informel d’improvisations a donné naissance à un matériau tangible.