Lenglet, Bodart, Bramnk

Au sein de ce trio lillois provenant de la galaxie Muzzix, Philippe Lenglet, Samuel Bodart et Falter Bramnk pratiquent un geste improvisé dans lequel aucun prérequis n’est nécessaire, si ce n’est celui de s’abandonner à l’instant et se laisser guider par l’horizon en mouvement d’une musique qui prend forme dans le moment de son émission.

Avec des instruments percussifs (détournés ou de nature), harmoniques ou non, ils bâtissent une série de constructions sonores qui n’ont pas, dans un premier temps, de volonté narrative. La proximité des timbres entretient même une grisante confusion et de cette démarche anonymisée naît une sculpture s’engendrant comme par elle-même, gonflant ou creusant des volumes indépendamment des mains qui la modèlent.

Les échos des cordes frottées (celles du piano ou celles de la guitare) couplés à l’attention méticuleuse portée au grain des percussions font éclater en de nombreuses dimensions le geste collectif et ouvrent le déroulé musical à une multiplicité de directions qui, si elles ne sont pas toutes exploitées, sont le moyen de déployer une grande richesse de couleurs atypiques et dynamiques. Car c’est bien, en réalité, l’intersectionnalité des voix qui crée la dimension mobile du trio.

Une des qualités de cette formation est, en effet, d’investir le signal sonore - émis sans préméditation - d’un sens immédiat ; d’un mouvement tout au moins. Et cette dimension de jeu – comme on dit jouer lorsque jouent les rouages d’une machine – façonne des espaces musicaux immersifs et une gymnastique sonore certainement réjouissante à produire et en tous les cas à écouter.