« Bånd est le mot danois pour lien, connexion – et c’est exactement ce dont cet album parle. » Voilà ce qu’on peut lire en exergue de la pochette intérieure de ce nouveau disque de Line Kruse, et cela sonne parfaitement juste à l’écoute du travail de la violoniste copenhaguoise et de sa bande.
Diplômée de l’Académie Royale Danoise de Musique, Line Kruse développe très vite un fort tropisme pour le répertoire sud-américain, au point de s’intégrer parfaitement à la communauté latino de Paris quand elle s’y installe au début des années 2000. C’est dans ce cadre qu’elle participera au Gotan Project, et sa virtuosité et donc sa justesse au violon sont à couper le souffle. Après quelques années passées à diriger de nombreux ensembles de taille variée, le Line Kruse Orchestra voit le jour en 2017 et c’est le jazz qui est à la fête. Ascendant musiques latines, comme de bien entendu. De très beaux albums voient le jour dans un métissage de musiques classique, jazz et latines (écouter le tango « La Jalousie » de l’album Hidden Stone).
Bånd sonne comme les retrouvailles danoises de Line Kruse avec une belle bande de copains, mais aussi avec sa formation classique originelle. La complicité y est vraiment palpable et les talents d’arrangeuse de Line sont mis à l’honneur. Si la captation peut sembler manquer de profondeur, le travail de mixage est sublime et l’orchestre souffle le chaud et le froid sur les neuf titres où s’entremêlent, sans jamais se faire trop remarquer, les influences sud-américaines et les arrangements classiques souvent très bien sentis, au point de flirter avec l’humour.
Le plaisir d’écoute est franc : on se laisse guider au bord de la mer, aux confins du Danemark, et on marche sur la plage, promenade entre chien et loup, en pleine heure bleue. Comme dans un tableau de Peder S. Krøyer.