La notoriété de Max Nagl doit beaucoup au quartet Big Four qui réunissait autour de lui, au début des années 2000, Noël Akchoté, Steve Bernstein et Brad Jones. Le groupe fit les belles heures du label hatOLOGY. On ne saurait cependant réduire son travail à cet excellent groupe.
Le saxophoniste autrichien est notamment à la tête, depuis une dizaine d’années, d’un tentet qui porte son nom et qui a ses ronds de serviette au célèbre club viennois, le Porgy and Bess. Le présent enregistrement a eu lieu en janvier 2021 et constitue le quatrième album d’une série commencée en 2017. Cette « petite » grande formation surprend par son instrumentarium hors du commun : une section rythmique, deux anches, deux cuivres, deux violons et … un thérémine (instrument apparu lors du paléolithique des musiques électroniques, bien avant le terrible synthétiseur DX7 et qui pourtant – il y a une justice divine – lui survivra).
Max Nagl, en développant une écriture soignée, à la ligne claire, choisit d’explorer la légèreté et la délicatesse de l’orchestre plutôt que le chemin plus évident de la puissance que permet le grand effectif. Sa musique est lyrique, joyeuse, festive mais jamais vulgaire [1].
On pense à Nino Rota (avec Hurnaus), au western-spaghetti (l’inquiétante mélodie du thérémine sur Miss Hawaii), à Ornette Coleman (les accents harmolodiques de Cagos) mais plus encore à Carla Bley qui dans son orchestre attribuait à Gary Valente le même rôle que Nagl donne à Phil Yaeger : celui d’un soliste quasi-permanent venant « salir » et humaniser de son timbre éraillé une beauté – trop ? - parfaite. Le Max Nagl ensemble est un orchestre singulier à la musique généreuse qui mérite l’attention. En attendant avec impatience le prochain volume, on pourra (re)découvrir avec plaisir les 3 premiers disques.