Chronique

Loïs Le Van

So Much More

Loïs Le Van, voix - Sylvain Rifflet, ts, clar - Bruno Ruder, p - Chris Jennings, b

Label / Distribution : Hevhetia

Voilà le disque surprenant qu’on n’attendait plus, le disque outsider qui arrive sans prévenir, édité sur un lointain label, un disque d’un chanteur à peine connu et qui s’impose d’emblée, à la première écoute, comme un des disques de l’année. Un coup de maître.

Soyons honnête, les chanteurs de jazz sont souvent décevants, sans saveur ou tellement dans l’imitation d’un illustre aîné qu’on ne voit pas l’intérêt de s’imposer le copy-cat.
Ou alors la voix a quelque chose, mais les arrangements les plus ringards foutent tout par terre. Ou enfin, les textes choisis sont les standards les plus revisités, quand ce ne sont pas les chants de Noël ou des thèmes estampillés Disney. Pourquoi vous parler de ça ? Parce que Loïs Le Van est tout l’inverse.
Non seulement sa voix est en équilibre entre la fêlure et la caresse, mais la musique et les arrangements sont des plus surprenants et par là, inoubliables.
Un quartet sans batterie, aérien et boisé où se mêlent la rondeur de la contrebasse de Chris Jennings, le piano cascadeur de Bruno Ruder et le saxophone acrobatique de Sylvain Rifflet. La voix de Loïs Le Van, à la diction claire et précise, déroule alors les textes poétiques et enivrants signés François Vaiana.

Loïs Le Van est un musicien intelligent qui a laissé le champ/chant libre à ses compagnons. On retrouve dans les arrangements, toute la ritournelle cyclique et mélodique du saxophone ou de la clarinette de Rifflet, telle qu’il la pratique dans Mechanics, on entend le lyrisme acidulé du pianiste de Jeanne Added dans l’accompagnement solide de Ruder et toute la souplesse colorée de Jennings, habitué aux échanges polyglottes.
J’ai fait écouter ce disque à des amis — vous savez, « qui n’aiment pas le jazz » — ils ont été conquis par l’ambiance très casanière des pièces intimistes comme des pantomimes saccadées qui constituent les dix morceaux de ce disque.
Un simple coup d’œil et d’oreille au clip de « Redwood Meadow » suffit à se faire une idée très représentative de l’ensemble.

Loïs Le Van s’impose comme un musicien discret et suffisamment modeste pour ne pas se mettre tout devant. Une voix d’or dans un écrin de velours.