Chronique

Lucia Ianniello

Live at Acuto Jazz

Lucia Ianniello (tp), Andrea Polinelli (as, fl), Diana Torti (voc), Paolo Tombolesi (cla, elec), Giuseppe La Spina (g), Cristina Patrizi (b)

Label / Distribution : Slam Records

Enregistré à l’Acuto Jazz Festival, ce concert de la trompettiste italienne Lucia Ianiello nous présente cinq musiciens de jazz peu connus de ce côté-ci des Alpes, à l’exception peut-être du multianchiste Andrea Polinelli, fameux dans le milieu de la musique contemporaine, notamment pour son travail Copland a Robocopland, entouré d’électronique. Dans ce quintet essentiellement féminin, où la voix de Diana Torti vient tendre de velours le « Little Africa » de Linda Hill et Horace Tapscott, on passe aisément d’un jazz de facture classique, porté par les claviers de Paolo Tombolesi à des morceaux plus heurtés. Ainsi, « Desert Fairy Princess » est l’occasion d’un bel échange entre l’instrument-voix et la flûte de Polinelli, dans un contexte assez abstrait que la trompette chaleureuse tente d’éclairer dès qu’elle entre en piste mais auquel elle ne fait qu’ajouter finalement une délicieuse étrangeté.

Ce concert succède à Maintenant, album studio de Ianniello sorti en 2015. Pour une large part, il en reprend la trame, même si la formation sans batterie s’est étoffée et a changé. Le guitariste Giuseppe La Spina a cédé sa place à la bassiste électrique Cristina Patrizi, dont le rôle dans cette formation sans batterie est primordial. Son jeu sec entame « Quagmire Manor at Five A.M » avec une simplicité qui tranche parfois avec les sons vintage et troublants de Tombolesi. Sa complicité naturelle avec la chanteuse, très précise rythmiquement, est un des axes forts de ce concert.

Fortement inspirée par un certain Free Jazz qui a mouillé les côtes italiennes lorsqu’elle était jeune, il n’est pas étonnant que Lucia Ianniello se revendique ouvertement de musiciens du Pan-Afrikan People’s Arkestra de Tapscott. C’est pourquoi sans doute elle brille dans une « Ballad for Samuel » caniculaire et néanmoins très douce, mais surtout dans « Eternal Egypt Suite, Part IV » de Fuasi Abdul-Khaliq, où elle joue au chat et la souris avec sa bassiste, bardée soudainement d’effets de distorsion, qui clôture l’album avec une agressivité qu’on aurait peut-être aimé entendre davantage au long d’un disque agréable. Des noms à garder en mémoire.