Chronique

Luís Vicente Trio

Come Down Here

Luís Vicente (tp, bells, whistle, mbira), Gonçalo Almeida (b), Pedro Melo Alves (d, perc, objects).

Label / Distribution : Clean Feed

Deuxième album du trio de Luís Vicente (après Chanting In The Name Of sorti en 2021, déjà chez Clean Feed), Come Down Here séduit dès la composition-titre qui ouvre l’album. Classique dans sa forme, elle est structurée autour d’un thème accrocheur que le trompettiste lisboète décortique à l’os, soutenu par la basse puissante de Gonçalo Almeida et la batterie agile et expressive de Pedro Melo Alves. Ces deux-là (eux aussi leaders inspirés de projets passionnants) forment une sacré paire qui n’a pas sa pareille pour entretenir le feu de son leader d’un jour. « Hope II », morceau lent et tendu, entretient le mélange entre une trompette versatile et le jeu à l’archet d’Almeida, creusant des lignes mélodiques âpres et sinueuses.

Sur « Mandei Caiar o Meu Sobrado », morceau brésilien énergique et bondissant qui accompagne traditionnellement la capoeira, on croirait parfois entendre le fantôme d’une Jaimie Branch revenue du royaume des morts tant le lyrisme à vif de Vicente, son vibrato et l’aigu de sa trompette rappellent son jeu. « Why No Is No ? » est un morceau plus bruitiste où chacun semble d’abord jouer pour soi, avant que le trio se rejoigne dans une explosion sonore débridée, séquencée par la walking bass d’Almeida.

Sur le troublant « Nascente », la narration est construite sur une sorte de solo continu de contrebasse, sur lequel affleurent une trompette minimale et de discrètes cymbales. L’album se clôt sur « Penumbra », longue et sombre composition d’une dizaine de minutes dans laquelle le trio développe une atmosphère épaisse et troublante où la lumière peine à percer.

Avec Come Down Here, Luís Vicente continue d’impressionner. Aussi à l’aise dans des compositions énergiques et mélodiques que dans des contextes plus improvisés, il use de sa large palette sonore pour peindre une musique libre et aventureuse, qui nous réjouit à chaque nouvelle écoute.

par Julien Aunos // Publié le 2 mars 2025
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