Chronique

MILESDAVISQUINTET !

Shapin’ with

Xavier Camarasa (p, perc) Valentin Ceccaldi (cello), Sylvain Darrifourcq (perc, cithare)

Label / Distribution : BeCoq

Ce disque est un parfait exemple de ce que la scène française du jazz et des musiques improvisées - entendez ces termes comme bon vous semble - peut offrir de meilleur en terme d’aventure musicale. Ces trois là sont de tous les bons coups depuis maintenant plusieurs années et les retrouver ensemble ne peut qu’allécher l’auditeur féru de découverte musicale.

Shapin’ with MILESDAVISQUINTET ! : une lecture trop « premier degré » pourrait faire croire à une mauvaise farce ou à une tentative de profiter des grands anciens. Le titre de ce court disque illustre parfaitement le caractère quelque peu frondeur de ces musiciens. Le clin d’œil au groupe de Miles Davis peut effectivement se comprendre comme une blague mais on peut aussi y voir une sorte de filiation, non pas dans la musique elle-même mais certainement dans l’envie de dépasser les barrières et les habitudes ramollissantes, d’aller découvrir un ailleurs.

Voilà pour l’esprit.

Pour ce qui est de la forme, tout est dans ce Shapin’ programmatique. Les deux morceaux qui composent le disque - « Tap » et « Rub » - sont des sortes de sculptures vivantes, mouvantes, dont la forme justement semble émerger dans l’instant, à coups de marteaux (de piano), de baguettes, d’archet et d’autres instruments dignes d’une fonderie musicale. L’auditeur est plongé au cœur d’un processus de création en temps réel, où tous les éléments se mettent en place petit à petit, s’additionnent, se substituent les uns aux autres, en constante évolution. La base rythmique est tant martelée et répétitive qu’elle peut se faire oppressante. La richesse des sonorités de chaque instrument et le rôle de pivot central du violoncelle de Valentin Ceccaldi - indispensable liant entre les percussions de Sylvain Darrifourcq et le piano (et percussions) de Xavier Camarasa - rendent la musique organique, pleinement vivante et se débattant. Ça frotte, ça couine, ça cogne, ça frappe. De tout cela émerge une forme rythmique et harmonique qui prend son envol, pour se conclure sous forme d’éclat musical. Une détonation marquant la fin d’une évolution puissante et passionnante, maîtrisée avec brio.

Le clin d’œil au génie de Miles Davis est là : l’aventure continue !