Madeleine Peyroux, Kurt Elling & al.

Ce disque, tombé un peu rapidement dans les oubliettes de l’été, est un enregistrement produit par Larry Klein sur une idée simple : raconter en quelques morceaux formant suite, la vie et la « passion » du saxophoniste alto, mort très jeune en 1955. De la naissance à l’épitaphe, qui se succèdent, on circule ensuite depuis sa jeunesse, son arrivée à New York, l’épisode sombre de Los Angeles, la présence des dealers, l’amour de Chan sa deuxième femme, ses démons, et son séjour à Paris illustré par un interlude instrumental, et une version de « Au Privave » chantée par Camille Bertault, qui en a écrit le texte (en français).

L’accompagnement instrumental de tous ces chanteurs et chanteuses est basé sur une rythmique irréfutable : Craig Taborn au piano, Eric Harland à la batterie, Ben Monder à la guitare, Donny McCaslin au saxophone ténor, Scott Colley à la contrebasse. Il est peut-être regrettable que le producteur n’ait pas fait appel à Bernard Lubat ou André Minvielle pour un ou deux morceaux inscrits à leur répertoire depuis plus de vingt ans, mais ce sont peut-être des questions de label qui l’en ont empêché. Je n’en sais rien.

L’écoute de cette suite est fort agréable, chanteurs et instrumentistes ayant choisi des tonalités et des couleurs plutôt tendres et pastel. Donny McCaslin est constamment juste, ondoyant, ne cherchant nulle évocation directe ou imitative, la présence de Barbara Hannigan est bienvenue même si elle ne tranche pas trop sur ses consoeurs, Jeffrey Wright fait résonner une voix superbe, Melody Gardot est drôle. Étonnant et réussi.