Le métissage est un accélérateur d’évolution, il donne des forces. Chez Malik Mezzadri, il est un état d’esprit permanent qui donne vie à des projets expérimentaux vivants, étonnants et très personnels, comme en témoigne la série d’albums « XP » sortis entre 2003 et 2005. On avait un peu décroché de la production du flûtiste magique à cette époque, plus attiré par ses travaux avec le Groove Gang de Julien Lourau, mais cette incompréhension venait de la dimension très personnelle, justement, de ces expérimentations. C’est cette sincérité que l’on retrouve dans ce nouveau projet Ka-frobeat qui mêle des musiciens internationaux pour créer un pont inspiré entre la Guadeloupe (Malik) et l’Afrique (Hilaire Penda, activiste musical, compositeur et bassiste originaire du Cameroun, disparu trop tôt en 2019 et à qui l’album est dédié).
Sans être tout à fait inédite musicalement - on pense particulièrement au projet Amkeni, fusion heureuse de Bukuru Celestin et du Snarky Puppy, l’hybridation fonctionne bien grâce à des cuivres appliqués, une section rythmique très solide (Maxime Zampieri qui officiait déjà avec Lourau, Malik, et qui joue en ce moment avec Chlorine Free, impeccable de fluidité sur les mesures asymétriques) mais également des chants en créoles très variés qui consolident souvent l’ensemble, avec parfois même un esprit hip-hop. L’humour est présent par touche et l’esprit de groupe fonctionne très bien. Malik arrive même à convoquer la flûte Pygmée de Francis Bebey sur le titre Lé an fanm di’w non où est invitée Sandra Nkaké : on ne s’en plaindra vraiment pas. Une bien belle manière d’invoquer bonne humeur et esprit d’équipe.
Kenbe fem, pa lage !