Scènes

Magic Nomades à Jazz en Comminges

Quelques impressions du festival de à Saint-Gaudens


Nomades par Frank Bigotte

Quand sonne la fin du mois de mai, le Comminges s’enivre de jazz. Et ce depuis 17 ans. Si les premières éditions du festival ont été placées sous le patronage du saxophone, instrument emblématique du genre et surtout de Guy Laffitte - la figure tutélaire saint-gaudinoise - depuis 2009, les Rencontres du saxophone se sont transformées en Jazz en Comminges, un festival plus généraliste.

Etienne Lecomte par Frank Bigotte
© Frank Bigotte

La programmation du « In » est celle des têtes d’affiche. On y trouve pêle-mêle Ron Carter, Youn Sun Nah, Marcus Miller, Bojan Z, Joshua Redman ou encore l’Amazing Keystone Big Band. Mais en journée, comme pour bon nombre de festivals, tout se passe ailleurs, dans ce qu’il est convenu de désigner, fort improprement au demeurant, par « off ». Reste que c’est l’occasion de très nombreux concerts et à Saint-Gaudens, dans un Magic Mirrors qui prenait des airs d’étuve (mais qui se plaindrait de ces conditions estivales ?) et parmi la palanquée de groupes qui s’y sont succédé, on a trouvé quelques perles. Nomades - ex-Funambule trio rejoint par l’oudiste Aloua Idir - en fait partie, et même plus. Le leadership est assuré par Etienne Lecomte mais c’est surtout un projet collectif. En témoignent notamment les compositions signées par l’un ou l’autre des musiciens du quartet. En témoigne aussi le chorus furieux du saxophoniste Alain Angéli sur « Nomades » ou celui du tubiste Laurent Guitton sur « Plays the Groove ». L’orchestration flûte, sax, oud, tuba confère bien entendu beaucoup d’originalité et la présence d’un oud - en plus de la créativité d’Aloua Idir - une tonalité orientalisante. C’est donc une histoire de voyages, de rencontres, de couleurs, de mélanges. Ce n’est certes pas la première, ni la seule, formation qui propose un répertoire autour du voyage. Loin de là, même. Mais peu importe, car la patte de Nomades est moins dans l’originalité du propos que dans sa réalisation. De la Méditerranée au désert écossais où nous a menés « Highland », le périple s’est fait dans des pas peu empruntés. Ce furent des chemins escarpés et des routes non balisées. Le registre peut être minimaliste, allant à l’essentiel. L’introduction de « Mirage », à l’oud, en est un exemple entre mille. Quand sa ligne s’enrichit du tuba, impossible de ne pas faire le lien avec la délicatesse du duo entre Michel Godard et Ihab Radwan. Même mysticisme, même magie.

Quant au rappel, une « Gnossienne » d’Erik Satie a fini de transformer le Magic Mirrors en une profonde marche introspective.