Magik Malik / Minino Garaÿ / Jaime Torres

L’Altiplano est un plateau de la cordillère des Andes, sitiué entre l’Argentine, la Bolivie, le Pérou et le Chili. C’est la région habitée la plus élevée du monde après le Tibet : un vaste domaine où se rejoint en l’occurrence l’inspiration de trois créateurs de haut vol faits pour se rencontrer puisque animés par une même volonté de combiner leurs cultures musicales respectives.

Le projet est né à l’occasion d’une tournée de Magic Malik (2005). Le flûtite décide de s’adjoindre pour l’occasion le percussionniste Minino Garaÿ, qu’il connaît depuis vingt ans. La rencontre devient alors un hommage à Jaime Torres, maître du charango [1]. La musique est empreinte d’inspirations géographiques retranscrites sous forme de murmures, de vertiges en tous genres mais aussi de retenue : elle sait confronter avec aisance le respect du silence, les pulsations légères et, bien sûr, les mélodies dansantes soutenues en toute simplicité par Garaÿ

Altiplano peut se définir comme un recueil de danses vieilles comme le monde — chacareras, cuecas, milongas ou zambas presque oubliées aujourd’hui. « La humilde », « La arenosa », « La puñalada » ou « Nostalgias tucumànas » sont autant de thèmes traditionnels faisant références à ces danses célèbres.

On apprécie ici le mélange des trois intentions musicales ainsi que le choix des artistes invités, pour la plupart issus du fameux Magic Malik Orchestra que l’on ne présente plus. Chacun apporte avec précision son expérience du son et des formes, qu’on reconnaîtra dans les titres les plus expérimentaux [2] : « Pilote », « Manuela », « Titicaca » et « Quito ».
Notons également le soin apporté au livret, magnifiquement illustré, et à la pochette elle-même ; le disque est loin de n’être qu’un objet sonore…