Ce n’est pas le premier album solo de Marc Copland mais celui-ci a la saveur de l’hommage discret et intense que le pianiste rend à l’un des musiciens qui fut pour lui bien plus qu’un compagnon de route. D’ailleurs que le disque s’intitule John en dit long sur la place amicale et musicale du guitariste John Abercrombie dans la vie de Marc Copland. Le titre-prénom indique le ton et l’objet de l’album. Faudrait-il alors reprendre l’ensemble de la discographie que ces deux immenses musiciens ont partagée ? Pas sûr. En revanche, on rappellera que Marc Copland faisait partie, entre autres, de la dernière formation que menait John Abercrombie. Pour le coup on y trouvait d’autres membres du panthéon jazz américain, en l’occurrence Joey Baron et Drew Gress.
John débute avec « Timeless », une vieille composition de John Abercrombie datant de 1975, quand le guitariste venait de signer chez ECM. Le traitement évanescent de la composition originelle – 12 minutes laissant tout le loisir à cette plage de s’épanouir – qui tenait en partie au caractère électrique, est ici transformé en une pièce intense ; nul besoin d’être soi-même un intime d’Abercrombie pour en savourer toute l’acuité. De l’autre côté de l’album se trouve « Vertigo », un titre sorti de 39 Steps, un album alors conçu à partir des films d’Hitchcock. En plus de ces deux morceaux et entre ceux-ci, on trouve sept compositions d’Abercrombie que joue Marc Copland, et l’on serait bien avisé de les voir comme un hommage à l’amitié et à l’amour de la musique. Car John a une force introspective et une charge émotionnelle d’une intensité à faire revenir les morts.