Chronique

Marc Edwards - Guillaume Gargaud

Black Hole Universe

Marc Edwards (dm, perc), Guillaume Gargaud (eg)

Label / Distribution : Atypeek Music

C’est un album aux titres cosmiques. La musique se réclame à la fois du Free Jazz et de la Noise, mais en fait, elle relèverait plutôt de cette dernière n’était-ce le parcours musical de chacun des deux protagonistes.
Marc Edwards et Guillaume Gargaud précisent nous offrir une musique de transe.

Dès le début, Guillaume Gargaud dégaine son canon de particules à hautes énergies dans une orgie sonore augmentée des roulements superlatifs de Marc Edwards. Il ne s’agit plus là de scansion mais de martèlement visant l’asphyxie alentour.
Dans cette pièce et dans presque toutes celles qui suivent, on succombe à cette ferveur primale en vue d’une forme de purification, celle de l’acceptation de sons autres, de l’inouï.
« Black Hole Universe », en effet, démarre sur une convergence entre claques sur les cymbales et cordes fouettées. Un discours halluciné se déploie sur la guitare, privant les peaux de tout espace d’expression. Il faut l’insistance énergique de Marc Edwards et le secours de ses cymbales pour tenter de surnager dans ce tsunami, dans ces mitrailles de notes. Progressivement ces dernières se font averses, le fer se fait eau. Nous glissons de la Noise à l’électroacoustique.

Un univers apaisé, presqu’éthéré nous accueille dans la troisième piste, « Supernova Aftermath ». Nous sommes dans une sorte de musique de craquements, de parasites, de scansion sans balancement, répétitive, obsédante. Une Noise à basse intensité, sans saturation de l’espace.

On retrouve la tension initiale avec la dernière pièce. Un motif très réduit répété continûment, des sons « sales », hachés, avec une batterie qui crépite en accentuant le hoquet convulsif de la guitare. Une tension qui se fait maximale avant l’effondrement final.

Marc Edwards et Guillaume Gargaud nous proposent un enregistrement original, qui demande l’acceptation de partis pris esthétiques aux limites extérieures du jazz, ceux de Marc Edwards semble-t-il, formidablement servis par un Guillaume Gargaud en pleine sève. Cette musique demande à la fois une écoute flottante et des oreilles à l’affût. Il vous faut devenir « otaku » en prévoyant une heure douze hors du monde alentour, avec casque sur les oreilles. Alors, le plaisir vous accompagnera, tout au long de l’album. Une forme d’hygiène régénératrice.
Écoutons la pièce qui donne son nom à l’album

par Guy Sitruk // Publié le 22 mars 2020
P.-S. :

L’album est disponible sur Bandcamp

Petite séquence vidéo de la séance d’enregistrement