Chronique

Marc Perrenoud Trio

The Two Churches

Marco Müller (b), Cyril Regamey (dr)

Label / Distribution : Double Moon

Marc Perrenoud se plaît en trio : il publie ces jours-ci The Two Churches, enregistré avec Marco Müller (bass) et Cyril Regamey (dr), ceux-là même qui l’accompagnaient déjà sur Logo il y a trois ans.

Mêmes rides (30 ans), mêmes paysages (quelque part en Suisse), même vision (l’art du trio), tous trois s’embarquent pour une croisière rapide nourrie pour l’essentiel de compositions du pianiste. Le titre qui ouvre l’album, « Big Pope », ferme et galopant, retient moins l’attention que « The Two Churches », le thème-phare, traité avec douceur et attention par le trio qui fonctionne alors en triangle quasi équilatéral. Si Perrenoud ne déteste pas aborder des bop soutenus (« Swisswalk »), il n’est jamais aussi expressif que sur ces ballades recueillies (« Mantas Playground ») où l’on semble sautiller d’un pas léger d’une note à l’autre avant de s’élever vers le but final. Silencieux à souhait. Contrebasse et batterie tenant toute leur part dans cette quête de sérénité.

Si l’on décèle une belle influence classique, le trio sait s’affranchir de ses illustres parrainages pour trouver des accents inédits. Mention spéciale à « Corbin Drive », qui balance entre furie et détermination. Pour le plaisir, on retrouve en fin d’album un sémillant « You’d Be So Nice to Come Home To » emprunté à Cole Porter et joué avec un délié que ne renierait pas Red Garland. « Autumn Leaves », autre célébrité convoquée pour l’occasion, est au départ arc-bouté sur l’alliance des graves du piano et de la contrebasse, sur un tempo carré au possible distillé par Regamey pendant que Müller fait les cent pas du haut de sa contrebasse. On serait tenté de penser que Marc Perrenoud n’est jamais aussi intéressant à suivre que lorsqu’il édulcore son jeu, se laisse gagner par une sorte de fraîcheur vespérale. C’est parfois le cas sur ce disque riche, équilibré, court - pour ne pas dire écourté (moins de quarante minutes) -, à croire qu’il y avait urgence, pour ces trois musiciens, à renouer sur disque.