Chronique

Marc Perrenoud Trio

Logo

Marc Perrenoud (p), Marco Müller (b), Cyril Regamey (d)

Label / Distribution : Neuklang / Harmonia Mundi

Marc Perrenoud, à la tête d’un jeune trio, trace des sentiers prometteurs pour le jazz pianistique européen. Après des débuts remarqués avec Sylvain Ghio en duo, Logo est son premier disque en trio. Sobre et classique, en leader il ne manque pas d’élégance et combine discrétion du jeu, complexité harmonique et lyrisme en retenue à la manière de Marc Copland, sans doute un de ses maitres. On sera ainsi emballé par l’écoute de « Logoglace », où le jeu collectif s’amenuise jusqu’à ne conserver que quelques schémas minimaux du piano romantique et impressionniste, échos lointains des leçons de Bill Evans, tandis que la section rythmique plane au-dessus du thème, en suspension.

Logo se partage entre standards interprétés avec science et morceaux originaux. Évidemment, devant « Blue in Green » et « Solar », excellent diptyque davisien, certaines compositions peuvent sembler en retrait : ainsi de « MIB » et son post-bop élégant, ou l’orientalisant « Emira ». Le trio n’est jamais meilleur que lorsqu’il s’empare d’un matériau bien connu pour en proposer une interprétation - ou plutôt une écoute signée, voire engagée : une manière de jouer ces standards suffisamment personnelle pour en redéfinir l’identité, en sélectionner certains éléments et en retrancher d’autres. Ainsi de « Alone Together », qui met en tension la mélancolie de l’original par une approche tout à fait convaincante.

Avec une régularité réjouissante, Cyril Regamey (batteur) et Marco Müller (contrebassiste) s’illustrent comme des sidemen de qualité. Toujours présent pour épauler ses partenaires, le batteur déploie un jeu subtil et nuancé, tandis que le contrebassiste opte pour des progressions harmoniques complexes dont le piano tire ensuite parti pour développer thèmes et chorus raffinés. Reste à souhaiter que ces jeunes musiciens gravissent rapidement les échelons de cet art difficile entre tous qu’est le trio. Ils en ont les moyens.