Scènes

Mário Laginha à Jazzycolors 2012

Un univers pianistique sensible, rythmique et coloré : celui de Mário Laginha dont le style, plutôt romantique et mélodique, adopte aussi bien des couleurs latines et hétéroclites : le fado portugais, la bossa brésilienne, les rythmes africains....


Un univers pianistique sensible, rythmique et coloré : celui de Mário Laginha dont le style, plutôt romantique et mélodique, adopte aussi bien des couleurs latines et hétéroclites : le fado portugais, la bossa brésilienne, les rythmes africains....

Mário Laginha © Emmanuelle Vial

Ce 14 novembre 2012, la programmation du festival Jazzycolors mettait en avant le pianiste et compositeur portugais de jazz, Mário Laginha, pour un concert solo dans l’auditorium du Goethe institut. On l’avait déjà vu en sextet, en juillet 2010, au Paris Jazz Festival accompagnant David Linx & Maria João sur le projet « Follow the Songlines ». Il jouait aux côtés d’un second pianiste, Diederik Wissels, de Helge Andreas Norbakken (batterie) et de Christophe Wallemme (contrebasse). La carrière de Mário Laginha est jalonnée de nombreux enregistrements dès le milieu des années 80. Il est vrai que sa collaboration avec la chanteuse Maria João est particulièrement fructueuse puisqu’elle compte déjà une douzaine d‘albums. En solo ce soir, il laisse libre cours à son style et met sa formation et son goût pour le classique au service de ses improvisations. Un de ses récents disques, Tribute, est d’ailleurs consacré à Chopin.

Ce style, plutôt romantique et mélodique, évoque parfois celui de Michel Legrand ; mais il adopte aussi bien des couleurs latines et éclectiques - fado portugais, bossa brésilienne, rythmes africains, tonalités ibériques... Ses fados vous transportent même au beau milieu d’une âpre conversation imaginaire : de multiples personnages y alternent bavardages, plaintes ou colères. Son jeu est fondé sur une main gauche solide et extrêmement indépendante qui conduit son propos sans faillir et lui donne le loisir de développer ses mélodies et ses chorus à la main droite. Il introduit également des moments rythmés avec une main appuyée sur le cadre et les cordes du piano, et ponctuant des motifs répétitifs à la Terry Riley ou John Cage. Des morceaux d’une grande sensibilité ont ainsi succédé à des rythmiques dansantes, voire entêtantes, par le truchement du martèlement sans concession du clavier.

Mário Laginha © Emmanuelle Vial

Mário Laginha est un pianiste lyrique de très haut niveau, ce qui explique sa capacité à susciter des collaborations prestigieuses avec notamment Wayne Shorter, Ralph Turner, Manu Katché, Trilok Gurtu, Toninho Horta, Gilberto Gil, Julian Argüelles, Django Bates… Encore une judicieuse programmation du festival Jazzycolors, qui s’est déroulé pendant tout le mois de novembre à Paris.

Voir notre Photo-reportage