On retrouve, dans ce disque enregistré en solo, les caractéristiques stylistiques du violoniste Mark Feldman. Une technique phénoménale lui permettant d’exprimer les idées qui lui traversent l’esprit et une connaissance approfondie de l’histoire, de la musique en général, et de son instrument en particulier.
Avec un appétit insatiable, il se lance dans une succession de pièces (dont deux seulement sont signées Sylvie Courvoisier et Ornette Coleman), dans un corps-à-corps avec le violon. Il aligne les formules les plus capricantes avec un enthousiasme sans faille en dépit des années et des innombrables expériences qui auraient pu le tempérer.
Bien au contraire, par un phénomène qui fait de ces pratiques multiples un cercle vertueux, il semble se régénérer dans l’exercice solitaire qu’il a pourtant déjà pratiqué il y a vingt-cinq ans pour Tzadik. Le son est droit et sa projection toujours ferme, de même que les usages variés du violon (pizzicati, cordes flûtées, crissements maîtrisés), enrichissent un propos qui n’est jamais vain. Mieux encore, constamment mélodieux quoique parfois anguleux, il suscite l’adhésion de l’auditeur et l’entraîne, souvent avec humour, dans des circonvolutions vertigineuses sans jamais, toutefois, l’égarer.