Chronique

Master Oogway with Henriette Eilertsen

Happy Village

Håvard Nordberg Funderud (eg), Lauritz Heitmann Skeidsvoll (s), Martin Heggli Mellem (dms), Karl Erik Horndalsveen (cb), Henriette Eilertsen (fl)

Label / Distribution : Rune Grammofon

Fort de deux disques de bonne facture parus chez Clean Feed, dont un en public, le groupe Master Oogway revient aujourd’hui pour ajouter une nouvelle orientation à son univers musical. Axé précédemment sur une approche tonique où une guitare électrifiée tente de damer le pion à un saxophone au son large volontiers extraverti, ce quartet norvégien - dont le nom est celui du grand maître kung-fu qui entraîne le héros dans le dessin animé très drôle Kung-Fu Panda (le premier volet, les épisodes suivants sont moins bons) - nuance, en effet, un peu son propos au moment d’inviter la flûtiste Henriette Eilertsen.

Avec moins de frontalité, la rencontre se recentre sur une musique enjouée et généreuse qui prend le temps de se développer et révéler ainsi une diversité de caractères. C’est ainsi le cas sur Heading Home, le morceau d’ouverture qui, comme le reste, a été enregistré dans les conditions du live au Kafé Hærverk, à Oslo, où le groupe était en résidence. La flûte volontiers légère et baladeuse (le disque Poems for Flute de Henriette Eilertsen, paru l’année dernière, en atteste) ouvre ce titre sur une flânerie solitaire, rejointe ensuite par un groupe à la solide assise rythmique et aux chœurs de soufflants enthousiastes.

Le reste du disque se poursuit dans des tonalités entraînantes. Le saxophone de Lauritz Heitmann Skeidsvoll prend plaisir à fouiller des gammes bariolées, soutenu par une guitare, celle de Håvard Nordberg Funderud, toujours incisive dans le son mais retenue dans son approche. Ailleurs sont évoquées les fanfares free où tous jouent de manière extravertie en croisant les phrases dans un joyeuse ambiance qui ne cherche pas, toutefois, la surenchère.

Au contraire, se repliant sur des atmosphères nuancées sur la fin du set, le dernier titre pose un climat languide. Sur des couleurs en demi-teintes, tenues sur le fil par la basse svelte de Karl Erik Horndalsveen et rehaussées par la batterie maline et bien présente de Martin Heggli Mellem, la guitare déroule un long solo acrobate et mesuré, finalement rejointe par un langoureux duo de saxophone et flûte.