Matteo Bortone No Land’s

Ce groupe au titre explicite No Land’s qui, avec un premier album publié en 2020 marqua fortement les esprits, comporte ici quelques changements puisque Antonin-Tri Hoang n’est plus présent et Benjamin Garson remplace désormais Francesco Diodati. Julien Pontvianne, Yannick Lestra et Ariel Tessier sont toujours de la partie.
Les compositions qui se succèdent dans A Tree in the Mist dépeignent de vastes étendues en perpétuelles mutations. « Counter Hit » projette des sons électroniques saccadés, les claviers nous projettent dans un futur incertain qui tend à rappeler la composition avant-gardiste de Michel Portal « Turbulence ». Les allusions à des voyages intérieurs se succèdent, suscités par l’entropie manifeste de « Jukurrpa » dont les métriques s’inspirent du travail rythmique de Paul Motian. Yannick Lestra au piano Rhodes fait de nouveau forte impression, il est l’artiste peintre du groupe. Le développement des pièces musicales entraîne une pensée complexe, No Land’s est tout à la fois désenchanté, excentrique, sensationnel mais toujours authentique.
« Okra » avance avec des accents efficaces produits par les rondeurs de la basse électrique de Matteo Bortone. Benjamin Garson malaxe les sons électriques, ses improvisations s’accolent aux interventions nuancées et judicieuses procurées par Julien Pontvianne. Ariel Tessier insuffle une intense énergie à « Tosh » qui brouille un peu plus les pistes, un quarteron d’invités composé d’Olivier Laisney, Sol Lena Schroll, Adrien Sanchez et Paco Andreo met le feu aux poudres avec une intervention cuivrée.

L’enregistrement réalisé par Tony Paeleman au Studio des Bruères bénéficie d’une excellente restitution sonore. Matteo Bortone explore des chemins escarpés, loin de toute convenance. A Tree in the Mist galvanise la musique.