Matthew Shipp

Après plus de trente ans à peaufiner un langage et une musique inimitables, le pianiste new-yorkais Matthew Shipp n’en a toujours pas fini avec ses recherches, comme le prouve son nouvel album en solitaire, The Piano Equation. Première référence du nouveau label Tao Forms, crée par son ami le batteur Whit Dickey, cet énième album solo creuse encore et toujours le sillon d’une musique hors norme, revêche parfois, complexe aussi, mais toujours pleine de mystères. Une musique de damnation diamétralement opposée à une certaine idée d’un jazz joli et aseptisé que l’on voudrait nous vendre à longueur de magazines. Une musique belle et rebelle qui s’apprivoise sur un temps long, plusieurs écoutes étant parfois nécessaires. Une musique enfin ou l’on entend les géants d’un jazz originel (Duke Ellington, Thelonious Monk, Cecil Taylor) dont Shipp est un des dignes héritiers.