Chronique

Mélanie De Biasio

A Stomach Is Burning

Mélanie De Biasio (voc), Pascal Mohy (p), Teun Verbruggen (dm), Axel Gilain (b), Pascal Paulus (org), Steve Houben (as, fl)

Label / Distribution : Igloo

Encore une chanteuse ? Une de plus ?

Détrompez-vous, Mélanie De Biasio ne vient pas nous dérouler la série d’habituels standards que l’on pourrait attendre d’un premier disque. Il faut dire que De Biasio, après avoir pas mal tourné en clubs et festivals, s’est forgé un univers bien personnel. Ambiances sombres, tempos souvent lents, voix grave et profonde, elle balade son spleen tout au long de neuf morceaux originaux et une reprise assez... originale.

Les neuf titres en question sont co-écrits, pour la plupart, avec l’excellent pianiste Pascal Mohy ainsi que Pascal Paulus qui amène, avec Wurlitzer et orgue Hammond, un côté soul au blues ambiant. De Biasio a manifestement été nourrie aux chants de Billie Holiday et de Nina Simone. Elle a digéré ce passé illustre avec intelligence et élégance pour nous livrer, par exemple, un « Blue » d’une mélancolie frissonnante, un « One Time » poignant et un « A Stomach Is Burning » au climat incertain…

Sa voix est très bien mise en valeur par une rythmique impeccable, à la fois discrète et subtilement présente. Sur ce fil tendu, l’équilibre est parfait. Le jeu sensuel d’Axel Gilain à la contrebasse assure un groove tout en retenue. De même, le jeu de Teun Verbruggen (batteur de Jef Neve) semble ne jamais avoir été aussi souple et caressant : une douceur faite de grondements sourds et étouffés.

« Never Gonna Make it » et « Let Me Love You » inondent de leur swing lumineux l’atmosphère nocturne générale. Avec classe et volupté, la chanteuse interprète alors « Les hommes endormis » (« la » reprise de l’album, signée Aldebert et qu’avait chantée en son temps... Brigitte Bardot).

Sur quelques titres, Steve Houben (qui fut un des premiers à croire en De Biasio) dépose de-ci, de-là quelques scintillements de flûte et belles lignes de sax.

Tout en mélancolie, ce somptueux album n’est pourtant pas triste - plutôt débordant d’émotions sincères, de sentiments impalpables et d’une sensualité éthérée. Fermez les yeux, ouvrez les oreilles, laissez le frisson vous parcourir le dos : ce « A Stomach Is Burning » va vous hanter longtemps.