Chronique

Michael Brecker Band / Randy Brecker Band

Live at Fabrik, Hamburg 1987

CD1 : Mickael Brecker (ts, electronics), Joey Calderazzo (clav), Mike Stern (g), Jeff Andrews (b), Adam Nussbaum (d), CD2 : Randy Brecker (tp), Bob Berg (ts), Dieter Ilg (b), David Kikoski (p), Joey Baron (d)

Label / Distribution : NDR Jazz

Il s’est bien sûr passé des choses incroyables à la Fabrik de Hambourg à la fin des années 1980. La parution cette année déjà d’un double album, enregistrement live de Gil Evans dans ce même lieu en 1986, était déjà une merveilleuse nouvelle. Cette fois, le label NDR Kultur publie un double album dont le premier disque est dédié à un live du quintet de Michael Brecker tandis que le second est un live de Randy Brecker en quintet lui aussi.

N’y allons pas par quatre chemins : on imagine, tout en se frottant frénétiquement les mains, que des pépites dorment encore dans les cartons du label. On retrouve avec un immense plaisir les sons « fusion » des années 1980, des chorus héroïques – par exemple ceux de Jeff Beck et de Joey Calderazzo sur « Upside Downside » - et une pêche caractéristique du genre. Quand bien même un certain nombre de mélomanes pourraient trouver ringards ces sons d’un jazz-rock qu’ils jugeraient daté, c’est tout de même carrément exaltant et on imagine aisément l’ambiance hyper électrique du Fabrik. L’enregistrement rend à merveille l’impression de live. On devait être littéralement subjugué. Les morceaux sont en outre longs – de 7’38 pour « On Green Dolphin Street » à 21’24 pour « Nothing Personal » – et permettent ainsi de vivre pleinement ces extases. L’introduction au seul sax ténor de « My One and Only Love » est pleine de sens. On y retrouve autant d’expressionnisme que sur « You Don’t Know What Love Is » sous les doigts magistraux de Sonny Rollins.

Cette impression de jazz-rock est moins présente sur le live de Randy Brecker. La configuration est en effet moins « électrique » puisque il s’agit d’un piano acoustique – joué par David Kikoski – et qu’il n’y a pas de guitare. Reste que la tonicité est là, d’un bout à l’autre des six pistes qui composent le second CD. « Search » est à cet égard on ne peut plus explicite, tout comme « Snakes » qui clôt ce live avec la classe des immenses disques.