Chronique

Mortelle randonnée

La Reine uphone

Sébastien Cirotteau (tp, kb), Benjamin Glibert (g, b, perc), Andy Lévêque (sax, fl, b), Clem Thomas (dm), Karen Mantler (voc).

Label / Distribution : Mr Morezon

Ce n’est pas la première fois que les Toulousains de l’incroyable collectif Freddy Morezon croisent la route de Karen Mantler sur un programme autour de la musique de Carla Bley. Mais c’est le premier disque, comme une manière de graver sur sillon cette superbe épopée musicale.

Qui connaît et suit les pérégrinations créatives de Sébastien Cirotteau, Benjamin Glibert, Andy Lévêque et Clem Thomas sait que ces quatre-là ne font pas dans les formats conventionnels. On les voit systématiquement prendre des chemins de traverse : on ne sera donc pas surpris de l’esprit libre de ce disque. À l’image, finalement, de ce qu’a pu faire Carla Bley. Car le groupe reprend, revisite et adapte la musique de l’immense Américaine.

Il ne s’agit pas d’une réinterprétation au millimètre – ils sont bien trop respectueux de leur prédécesseure pour ce genre de posture – mais, en convoquant et en incarnant cette idée que la création ne doit avoir aucune limite, ils se placent dans les chemins que Carla Bley – parmi d’autres – a ouverts. Il parlent d’ailleurs de « preuve d’amour pour la musique de Carla Bley ».

Ce sont donc dix chansons que les cinq, dont la fille de Carla Bley, proposent dans un album au titre tout trouvé pour une esthétique entre « rock pataphysique, chansons avant-pop et jazz déviant » ainsi qu’ils le revendiquent. Car La Reine uphone est du verlan. On lira alors « No Funeral » ; tout est dit de l’immortalité de la musique de Carla Bley. On lit aussi qu’il s’agit de visiter un cabinet de curiosités : on ne saurait mieux résumer le projet de Mortelle Randonnée.