
Mowgli
Gueule de boa
Ferdinand Doumerc (as, ts, métallophone, f), Bastien Andrieu (clav, metallophone), Pierre Pollet (d)
Label / Distribution : BMC Records
Ce n’est pas la première fois que Mowgli sort un album mais cette fois-ci, dans la mesure où le disque sort chez BMC – superbe label hongrois – on peut envisager un avenir moins confidentiel. Car le précédent, Ivre de la jungle, était une autoproduction. Là, un pas est franchi qui permettra de donner plus de volume à ce trio bourré d’énergie et d’imagination.
Aux saxophones, on trouve le prolixe Ferdinand Doumerc et, avec lui, Pierre Pollet avec qui il partage la scène et les disques de plusieurs groupes, ainsi que le claviériste Bastien Andrieu. À eux trois, ils font plus de bruit qu’un orchestre symphonique. Ça envoie du lourd, comme on dit, et on perçoit des éléments volontairement décalés comme on en trouve chez Pulcinella, le groupe phare de Ferdinand Doumerc. Ça fourmille d’humour, de clins d’œil, de carambolages, de cabrioles à tout va. C’est souvent explosif, nerveux ainsi qu’en témoigne la rythmique fébrile de « Bicouic Orbidède », bourré de motifs dans une veine répétitive. Ça clashe, ça bouscule, ça se crispe et ça se détend. La musique file à toute vitesse et ne se retrouve jamais là où on pourrait l’attendre. C’est quelquefois plus ralenti – « Murkiness » par exemple – mais rapidement l’excitation et la fièvre émergent d’un bouillonnement qu’on percevait comme latent.
C’est truculent, atypique, cocasse, complètement anti-conformiste, plein d’allers-retours entre une esthétique froide comme l’acier et pleine de couleurs. Mais cette électro-jungle post-moderne – il faut repérer les sons qui signifient le fourmillement de mille et un animaux – est franchement jubilatoire.