
C’est après cinq ans d’absence discographique que ce guitariste brésilien (né en 1977, installé à Paris depuis plus de dix ans) revient sur la scène musicale en publiant ce CD en solo absolu, enregistré dans l’intimité de son appartement parisien.
Celui que nombre de musiciens, guitaristes ou non, admirent [1] affronte sans complexe cette redoutable pratique de la solitude avec un répertoire consacré à des musiciens de son pays natal, Milton Nascimento, Tom Jobim, Chico Buarque, du célèbre « Besame Mucho » d’O.T.C. Velasquez à deux standards qu’on dit incontournables et qu’on n’arrête jamais de contourner plus ou moins (« My Funny Valentine » et « My Favorite Things »), ainsi qu’aux fameux « Django » de John Lewis, « Moment’s Notice » de John Coltrane et « Windows » de Chick Corea.
Avec une distinction de gentleman et la sensibilité du poète, avec/par la grâce de son toucher et le velouté de sa sonorité - l’extrême raffinement du propos étant mis en évidence par une parfaite maîtrise de l’instrument (« Moment’s Notice ») -, sans étalage de virtuosité époustouflante, mais avec une résolution affirmée de musarder autour du thème (« Nào Fala de Maria »), avec « la fluidité de son imagination et la limpidité de son sens mélodique » [2], et ce lyrisme feutré où les ellipses se conjuguent, lutinent ou batifolent… avec tout cela on passe une heure de poésie parfaitement délectable — cette poésie qui « nous mène vers la pointe du jour au pays de la première fois » (Andrée Chedid).