Chronique

Nelson Veras

Solo Session Vol. 1

Nelson Veras (g)

Label / Distribution : Bee Jazz

C’est après cinq ans d’absence discographique que ce guitariste brésilien (né en 1977, installé à Paris depuis plus de dix ans) revient sur la scène musicale en publiant ce CD en solo absolu, enregistré dans l’intimité de son appartement parisien.

Celui que nombre de musiciens, guitaristes ou non, admirent [1] affronte sans complexe cette redoutable pratique de la solitude avec un répertoire consacré à des musiciens de son pays natal, Milton Nascimento, Tom Jobim, Chico Buarque, du célèbre « Besame Mucho » d’O.T.C. Velasquez à deux standards qu’on dit incontournables et qu’on n’arrête jamais de contourner plus ou moins (« My Funny Valentine » et « My Favorite Things »), ainsi qu’aux fameux « Django » de John Lewis, « Moment’s Notice » de John Coltrane et « Windows » de Chick Corea.

Avec une distinction de gentleman et la sensibilité du poète, avec/par la grâce de son toucher et le velouté de sa sonorité - l’extrême raffinement du propos étant mis en évidence par une parfaite maîtrise de l’instrument (« Moment’s Notice ») -, sans étalage de virtuosité époustouflante, mais avec une résolution affirmée de musarder autour du thème (« Nào Fala de Maria »), avec « la fluidité de son imagination et la limpidité de son sens mélodique » [2], et ce lyrisme feutré où les ellipses se conjuguent, lutinent ou batifolent… avec tout cela on passe une heure de poésie parfaitement délectable — cette poésie qui « nous mène vers la pointe du jour au pays de la première fois » (Andrée Chedid).

par Jacques Chesnel // Publié le 17 décembre 2009

[1Lionel Loueke : « Il n’est pas un guitariste comme les autres » ; Benoît Delbecq : il incarne l’inédite créativité d’un génial et unique musicien« , et Guillaume de Chassy : »[Nelson Veras] m’a toujours semblé un ange tombé du ciel, une guitare à la main« ; Daniel Yvinec : »Parmi les musiciens que j’ai pu croiser, il est probablement l’un des talents les plus saississants« ; David Linx : »C’est le carrefour et le contrepoint rêvé de tous les éléments qui font que la musique devient beauté"…

[2Dixit D. Yvinec.