Chronique

OWL

Mille Feuille

Signe Emmeluth (as, effets), Karl Bjorå (elec-g, effets)

Label / Distribution : Sofa Music

Le duo OWL est celui formé par la saxophoniste alto Signe Emmeluth et son compagnon de route, le guitariste Karl Bjorå. Ces deux-là collaborent sur plusieurs projets : le quartet Amoeba, le Spacemusic Ensemble et OWL et ont acquis des réflexes musicaux qui rendent les coutures invisibles et les traits de coupe imperceptibles. Mille Feuille [1] porte bien son nom. Le disque ouvre sur une longue plage (la face A) de plus de 20 minutes qui pose les bases du discours (l’appareil du gâteau). La face B regroupe cinq morceaux, qui se superposent comme le feuilleté du mille-feuille.

Le dispositif sonore consiste en une guitare électrique et un saxophone alto reliés à des machines à effets. On entre alors dans un monde d’ambiances électrisées, de craquements, de vibrations qui forment comme un brouillard épais. De temps à autre, des cordes vibrent, une anche résonne, des notes percent la brume et ouvrent sur de nouvelles couleurs, d’autres lumières.
C’est une musique qui naît de la répétition, de la recherche. Une musique qui jaillit tout autant d’un instrument que d’un accident électro-acoustique. Certains battements sourdent tristement d’une volée de cliquetis, quelques traits secs et nerveux au sax alto déchirent des nuées sombres de bruits blancs.

C’est aussi dans cette musique tendue, précise et délicate que la saxophoniste trouve un moyen d’expression différent, moins porté sur le volume et la sueur, même si la concentration est palpable.
OWL est un beau projet, qui garde sa part de mystère et promet des voyages synesthésiques chaque fois différents.

par Matthieu Jouan // Publié le 28 juin 2020
P.-S. :

[1L’absence de trait d’union entre les deux mots est voulue, comme une clé contre la falsification.