Chronique

Oliva Boisseau Rainey

Orbit

Stéphan Oliva (p), Sébastien Boisseau (cb), Tom Rainey (dm)

Label / Distribution : Yolk Records

Retour aux affaires, pourrait-on dire, pour Stéphan Oliva qui, après plusieurs disques entièrement consacrés au cinéma, renoue, en collaboration étroite avec le contrebassiste Sébastien Boisseau, avec un trio jazz élégant, nocturne et puissant dont le troisième partenaire est le batteur américain Tom Rainey. Dans le prolongement de Jade Visions (avec Bruno Chevillon et François Merville) puis des magistraux Fantasm et Intérieur Nuit (avec le même Chevillon et Paul Motian) dans les années 90 et début 2000, le pianiste retrouve son goût pour le jeu avec une puissance évocatoire toujours aussi ferme.

Les compositions, signées de sa main ou de celle de Boisseau (plus une de Marc Ducret), participent des mêmes atmosphères. Fondues dans un programme aux nombreuses facettes, elles se déploient autour d’ambiances entre chien et loup qui privilégient un lyrisme sobre. Accrochant immédiatement l’oreille par des mélodies agiles et toujours lisibles, elles se structurent autour d’une architecture discrète. Le sens de l’équilibre dans la répartition des voix évite une domination trop écrasante du piano. Bien au contraire, le dialogue incessant avec la basse joue la carte de la nuance et favorise la circulation du son. La tension entre la mélancolie qui les sous-tend et la nervosité du traitement étant une autre des qualités de cette musique.

En cela d’ailleurs, la présence de Tom Rainey n’est pas anecdotique. Par sa frappe puissante et sa capacité à fournir un swing détourné qui respecte la fluidité du propos et lui confère un réel tonus, il offre à ses partenaires une dynamique permanente qui les invite à renouveler constamment leurs propositions. En plaçant l’interaction au cœur de son dispositif, le trio fonctionne ainsi comme une entité soudée capable d’aller au-delà de lui-même sur un terrain qu’il défriche pourtant sous nos yeux.