Chronique

Olivier Calmel Double Celli

Métamorphoses

Olivier Calmel (p, comp), Johan Renard (vln), Frédéric Eymard (alto), Xavier Phillips (cello), Clément Petit (cello), Antoine Banville (dms, perc).

Label / Distribution : Klarthe Records

On peut dire qu’Olivier Calmel n’aura pas manqué le deuxième rendez-vous de son Double Celli, cette formation atypique aux confins de la musique classique et du jazz dont le premier album, Immatériel, nous avait immédiatement séduits. Métamorphoses, qui voit le jour comme son prédécesseur sur le label Klarthe, en est la suite attendue et confirme en tous points la singularité d’une démarche qui n’est autre que le fruit d’une histoire personnelle et de la curiosité d’un pianiste ayant su donner forme à un ensemble constitué de personnalités différentes et très complémentaires.

Le mélomane, en qui ne se niche pas forcément un musicologue, pourrait légitimement s’effaroucher des références explicites annoncées par Olivier Calmel : outre l’héritage paternel (Roger Calmel fut un compositeur dont le répertoire s’étendait de la musique de chambre à l’opéra) qui imprime naturellement une marque indélébile à son processus créatif, le pianiste invoque Prokofiev, Ligeti, Bartók ou Debussy. Mais il n’oublie pas non plus ses amours jazz et rock (le Mahavishnu Orchestra n’est pas si loin, ce que suggère le thème de « Rage de Bali ») au temps de l’adolescence. La musique du XXe siècle sous des aspects multiples se trouve ainsi invitée à la fête : saura-t-on trouver les mots justes pour rendre compte de ce qui se joue ici, entre cette pluie de cordes et les percussions d’un Antoine Banville qui doit prendre un immense plaisir à faire chauffer la machine rythmique ? On se dit alors qu’une telle crainte est mauvaise conseillère. Bien sûr, les richesses de la composition, ses rigueurs exigées conservent-elles pour le quidam une part de mystère sur laquelle il peut être difficile de poser des observations justes. Bien sûr, on comprend aisément qu’écriture et improvisation – tout cet inattendu heureux qui fait l’essence du jazz – se jouent l’une de l’autre dans un dialogue complexe qu’il n’est pas nécessaire de décortiquer dans ses moindres détails pour en savourer les subtilités.

Parce que l’essentiel est ailleurs. Il est là, bien présent, au cœur d’une vibration constante, dans une alternance de moments heureux où la musique chante dans une joie revendiquée et d’autres, comme propices à un retour sur soi, plus méditatifs. Métamorphoses est à écouter comme le reflet d’une aventure humaine, où les amitiés scellées définissent un cadre indispensable au dépassement du bagage technique et esthétique de chacun des protagonistes pour aboutir à un idiome qui s’avère profondément original et d’une grande élégance formelle. Sans jamais perdre de vue un seul instant la nécessité de faire danser la musique. Parce que son moteur et sa pulsion proviennent du cœur, tout simplement.