Chronique

Ozma

Ozma

David Florsch (as, ts, ss), Guillaume Nuss (tb), Adrien Dennefeld (g), Édouard Séro-Guillaume (elb), Stéphane Scharlé (dr)

D’Ozma, groupe de rock qui eut son heure de gloire dans les années quatre-vingt-dix, à Oz, trio issu du collectif Chief Inspector, le Magicien d’Oz n’a pas fini de marquer les esprits... Cette fois, ce sont cinq jeunes gens venus de l’Est de la France qui se lancent à la conquête du Royaume Jazz, avec la bénédiction de la Princesse Ozma. Leur premier disque, Ozma, sorti en novembre 2005, révèle le sens de leur quête.

L’instrumentation d’Ozma est déjà un signe : un saxophone éclectique qui parsème son discours d’effets électriques, un trombone plutôt gardien de l’esprit jazz, une guitare électrique avec des penchants pour le rock, une basse pour la ligne, et le tout cimenté par une batterie musclée.

Trois des sept thèmes sont signés Adrien Dennefeld, le guitariste, un morceau est de la plume du bassiste, Édouard Séro-Guillaume, et les trois compositions restantes sont des œuvres collectives. « Funky Pie » porte bien son nom et ce morceau groovy comporte un joli solo de Guillaume Nuss au trombone, suivi d’un chorus de guitare dans un esprit très rythm’n blues. Le démarrage de « Cellow » s’inscrit dans la lignée d’« In A Silent Way » avec un solo de guitare minimaliste sur les boucles de la basse et de la batterie, mais la suite part dans un esprit davantage « sandbornien ». Avec « 7 Jewels », retour à l’ambiance funky et binaire et des interludes jazzy assurés par le trombone. « Strange Trafic » commence comme une musique de film de science-fiction, passe à un climat plutôt funky, puis bifurque vers du binaire avec un solo de sax enlevé de David Florsch et un solo de basse d’Édouard Séro-Guillaume, fort bien mené également. En bref, le groove est là, et rend l’ensemble assez plaisant. « Palaidédop » est un joli thème tout en contrepoints qui reste dans le registre « jazz ». « La Valse », belle composition très « musette », part en 1-2-3 et se poursuit dans un climat rock-funky, après le « décollage d’avion » dont nous gratifie la guitare électrique d‘Adrien Dennefeld. Le dernier morceau, « Ending The Biguine », clin d’œil à Cole Porter (au passage, d’autres titres semblent être des allusions à des standards : aux auditeurs de s’amuser...), est habilement construit, et le soprano remplit sa mission à merveille sur une rythmique groovy à souhait, avec une forte présence - comme sur le reste de l’album d’ailleurs - des fûts de Stéphane Scharlé.

Les esprits analytiques regretteront sans doute un relatif manque de concision (comme dans « 7 Jewels »), accentué par des constructions parfois un peu confuses (à l’image de « Strange Trafic » ) et l’utilisation de certains effets efficaces mais légèrement convenus (les chorus batterie - saxo de « Funky Pie », les répétitions de valeurs brèves dans les introductions de « Cellow » et de « 7 Jewels » ou les rythmes binaires très marqués). A l’inverse, les esprits versatiles, eux, apprécieront la variété des tableaux, l’ambiguïté entre électrique et acoustique et le foisonnement des climats...

En tous cas, force est de reconnaître qu’Ozma est un groupe qui a la pêche, qui ne manque pas d’idées, et qui propose une musique résolument dynamique, festive et « funkisante » : un jazz « funkamétrique », comme ils le définissent eux-mêmes !

par Bob Hatteau // Publié le 19 décembre 2005
P.-S. :
  • Le site d’Ozma (en construction).